Cendrillon
6.5
Cendrillon

Long-métrage d'animation de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske (1950)

Les années 1940 sont passées et avec elles toutes les déceptions financières (voire même critiques) des Classiques Disney. La boîte aux grandes oreilles vient de vivre son premier Âge Noir et cela a failli lui être fatal. Fini les films de propagande (Victoire dans les Airs), les compilations camouflées de cartoons (Saludos Amigos pour ne citer que lui) et les longs-métrages aux propos douteux (Mélodie du Sud), Walt Disney entend bien reconquérir le public qu'il a perdu et ressort du tiroir un vieux projet qu'il avait hésité à adapter entre autres pour les Silly Symphonies: Cendrillon.


Quoi de mieux pour faire plaisir aux fans et s'assurer de la réussite commerciale de son nouveau bébé que faire renaître un conte sous forme de film de Princesse.
Blanche-Neige et les Sept Nains ayant gardé toute sa popularité des années après, les spectateurs se sentiront forcément plus proches du nouveau projet des Walt Disney Animation Studios et il sera plus facile pour les équipes de Walt Disney de réemprunter leur formule.


Car Cendrillon s'inscrit directement dans les pas de Blanche-Neige. Une héroïne isolée, une belle-mère jalouse et malintentionnée, un beau prince avec qui le coup de foudre se fera le temps d'une chanson et pour couronner le tout, des animaux placés comme seuls amis de la future princesse (la seule différence étant qu'ici, ils sont doués de la parole). Les ressemblances sont là et Walt Disney ne s'en cachera pas pendant la production.


Une recette déjà connue du grand public mais appliquée ici avec énormément de soin.
Cendrillon ne se contente pas de repomper les éléments de Blanche-Neige et les Sept Nains, il en améliore certains aspects et innove sur d'autres points.
Cendrillon possède, contrairement à Blanche-Neige, une personnalité plus intéressante et appuyée. Bien que ce n'était pas dérangeant dans le film de 1937, cela fait du bien de voir une héroïne allant au-delà d'un mannequin de cire préférant cacher ses émotions plutôt que de les exposer aux yeux de tous. Ses répliques sonnent toujours juste et le déchirement est là quand le personnage finit par craquer lors de la scène de la robe.


Avec un idéal féminin de la sorte, Lady Tremain, la marâtre, n'en est que plus délicieusement détestable lors de ses interventions. Assurément une des méchantes les plus réussies chez Disney.
Les animaux ont évidemment une grande place dans l'histoire, même plus que Cendrillon elle-même. Mais cela ne sombre jamais dans la niaiserie. Bien qu'utilisés comme comiques de service pour divertir les enfants, chacune de leurs scènes fait mouche et quand Lucifer est dans la place, les éclats de rire se succèdent, le timing est parfait, l'animation est parfaite, on rit de bon coeur.


Économiquement plus sûr, le style d'animation est ici plus simple et moins chargé que dans les dernières productions de Disney Animation. Mais cela donne aux décors une grandeur mieux illustrée et permet à la séquence du Bal d'épater le spectateur.
En terme de mise en scène, Cendrillon est une vraie réussite. On saluera l'idée de ne jamais mettre en images le monde extérieur avant que Cendrillon ne se décide à aller au Bal, rendant son isolation et son refus de s'enfuir plus crédible.
L'arrivée de sa Marraine, la bonne fée sera autant une libération pour le personnage que pour le spectateur. Une des meilleures scènes du long-métrage!


Classique à n'en pas douter mais dans le bon sens du terme, Cendrillon a réussi à redonner ses lettres de noblesse aux Walt Disney Animation Studios. Si on fait fi du prince manquant toujours de personnalité et de quelques vagues soucis d'écriture, le premier film d'animation Disney du Deuxième Âge d'Or est un pur moment de bonheur grâce à ses personnages attachants, sa réalisation travaillée, son scénario bien écrit et sa superbe bande-originale.

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le 6 juil. 2016

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Walter-Mouse

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