Je ne connaissais Bunuel que de nom et de réputation. J’ai pu enfin mettre un film sur ce nom.
Cet obscur objet du désir illustre les rapports entre les hommes et les femmes. Les femmes sont « cet obscur objet de désir » des hommes, un désir qui peut les pousser à des actes irréfléchis. Mais, surtout, il semble dénoncer l’effet de ce désir sur les femmes, qui ne sont, justement, plus que des objets de désir dans une société masculine. Les passagers du train, hommes et femmes, semblent s’accorder : si Conchita a été battue, c’est parce qu’elle l’avait mérité, en se refusant trop longtemps à lui et en jouant avec son désir (ce qui n’est pas tout à fait faux, mais à aucun moment les auditeurs ne questionnent le comportement de Matthieu). Les attentats récurrents tout au long du film, se déroulent dans l’indifférence générale, symbolisant une certaine complaisance vis-à-vis des violences quotidiennes de nos sociétés. Ceci est d’autant plus marquant que les terroristes, « adorateurs du petit Jésus », s’attaquent à des hommes d’Elise, montrant les dégâts que des personnes peuvent causer à des personnes qu’ils prétendent aimer quand cet amour devient maladif.
Le propos est intéressant, la forme également, mais un sentiment d’inachevé prédomine. Le choix audacieux d’utiliser deux actrices pour jour un seul personnage paraît malheureusement artificiel (une impression qui coïncide avec ce qu’on peut lire çà et là, qui montre que ce choix a été fait presque par défaut). Le début est prometteur (la scène de la rencontre dans le train, improbable ; ainsi que des premiers flashbacks intéressants). Ensuite, le film s’essouffle, faute de réussir à se renouveler, jusqu’à une fin qui arrive sans surprise.