Chappie par Jérôme Richenauer
J'ai beaucoup aimé Chappie. J'ai été émerveillé par District 9. J'ai bien aimé Elysium. Mais sans plus. Ça n'a pas été une totale désillusion sur l'avenir de Blomkamp, c'était toujours un réalisateur que j'aimais, que je suivrais avec attention. Et voilà qu'arrive Chappie. Je trépigne. Mais décide de tenter de garder un regard critique. Le retour à Johannesburg fait plaisir. La ville a une aura particulière sous la caméra de Blomkamp. Une ville marquée, tentant de s'élever, mais toujours gangrénée par la délinquance, les bidonvilles. Comme pour District 9, le film commence avec les médias montrant la violence de manière presque banale. S'en suis la création d'une super-police à base de robots policiers. Robocop n'est pas loin, même si l'angle d'approche est différente. Ici, ce ne sont que des machines. Jusqu'à ce qu'un IA n'y mette son grain de sel. On sent ici une inspiration qui me fait fortement penser à du Ghost in the Shell, où encore Apple Seed pour le design des mechas. Et oui, nous sommes en plein dans l'univers de Masamun Shirow. Les questions sur la place de l'homme créateur face à dieu amène des questions sur la place de la création face à son créateur. Les places peuvent elles s'échanger ? Mais Blomkamp ne s'arrête pas là. Où commence l'humanité et la machine ? Qu'est ce que l'âme ? La conscience ? Peut elle être crée ? Plus militaire, on peut aussi penser aux conséquences d"une déshumanisation des forces de l'ordre. Un soldat perd il ses repaires, en tuant par procuration ? Quels risques à mettre entre les mains de sociétés d'armements la sécurité des citoyens, sans l'intermédiaire humain ?
Autant de termes abordés, avec plus où moins de réussite, et j'en oublie sans doute. Sans être parfait, Blomkamp arrive à équilibrer tout ces thèmes de manière fluide, sans cassures.
En matière de mise en scène, c'est assez carré. La caméra ne donne pas le tournis, l'image toujours aussi belle et maitrisée, l'action est lisible, assez proche de District 9. Les effets spéciaux marchent globalement très bien (une explosion m'a quand même fait un peu grimacer), mention spéciale à tout ce qui touche à la robotisation. Chappie est criant de réalisme. L'un des robots semble tout droit sortit de Metal Gear Solid où encore -pour rester dans le thème de l'animation japonaise- de Patlabor.
Mais ce n'est pas parfait. Le côté un peu hip hop, même s'il colle bien à l'univers de Ninja (l'acteur étant lui même rappeur) et sa clique, m'a plus où moins agacé. Mais ce n'est pas mon univers. Ensuite, certains personnages m'ont dérangés. Celui joué par Sigourney Weaver est transparent, quant à celui joué par Jackman... En faire un ingénieur... Il n'a rien d'un ingénieur, mais c'est juste un soldat égocentrique qui se moque bien des autres et des dégâts collatéraux de ses ambitions. Le personnage est sans saveur, stéréotypé au possible, sans finesse. Le côté "ingénieur" n'est quasiment pas exploité. Dev Patel s'en sort très bien, ainsi que Anri du Toit et Jose Pablo Cantillo. Sharilto Copley double très bien Chappie, lui, insufflant la vie et l'émotion nécessaire. Mention spéciale à Watkin Tudor Jones, qui joue un personnage aux premiers abords classique mais au final plus intéressant qu'il n'y parait.
Reste Chappie. Si, le film porte son nom, ce n'est pas pour rien. Il est parfaitement "humain". Que cela passe par ses mimiques, ses mouvements, ses tics de langage... L'émotion qu'il transmet est forte et on s'y attache directement, provoquant l'empathie immédiate et donnant sa dose d'émotion au spectateur.
J'ai vraiment aimé ce film, même s'il n'est pas parfait. Mais il confirme que Blomkamp mérite mon intérêt.