Je n'ai jamais particulièrement admiré Neil Blomkamp, qui m'a semblé gâcher systématiquement l'intelligence de son approche d'une SF sociale, réaliste, non hollywoodienne, par une grossièreté lamentable dans l'utilisation - excessive - de la violence. "Chappie" était un projet intéressant, sorte de conte déviant pour enfants mâtiné de clip vidéo célébrant The Antwoord, groupe sud africain extrémiste et fort sympathique. Le résultat, malheureusement, cristallise les faiblesses de Blomkamp encore plus que "District 9" ou "Elysium" : son admiration pour le cinéma dérangé de Verhoeven (une excellente référence s'il en est) vire ici au copié-collé gênant ("Chappie" recycle sans vergogne "Robocop"), tandis que son laisser aller habituel vis à vis des "détails" de scénarios, qu'il préfère faire passer "à l'arraché", est devenu un véritable je-m’en-foutisme : rien dans l'histoire de "Chappie" ne présente la moindre cohérence, ce qui fait que le spectateur décroche rapidement pour se cantonner dans l'observation distanciée des personnages qui s'agitent vainement sur l'écran. Pire, l'amateurisme criant du duo d'acteurs de The Antwoord, qui aurait dû être l'un des "plus" du film, en lui conférant une vraie fraîcheur, accentue encore le manque de crédibilité général (sans même parler d'une certaine niaiserie) du récit. Mais le plus grave dans cette semi-déroute, dont on risque fort au final de ne se souvenir que des remarquables effets spéciaux, c'est qu'on se dit que Blomkamp n'en à rien à braire de la situation sociale de Jo'Burg, traitée ici par dessus la jambe, de manière caricaturale. Du coup, on le soupçonne de n'avoir jamais été qu'un petit malin décidé à se faire une image à tout prix sur le dos des problèmes politiques de son pays... Tout cela devient alors très déplaisant !