Pas le meilleur, et pourtant !

Contrairement à pas mal de gens je crois, je n'ai pas commencé la filmographie de Welles par Citizen Kane, loin de là, puisque c'est seulement le sixième film que je vois de lui.

Dieu (Welles) me pardonne, car j'ai douté. Je ne sais pas si c'est a fatigue, mais j'ai cru au début ne pas accrocher. Je ne saurais dire si c'est le rythme ou pas, car bien sûr que la mise en scène est grandiose et les acteurs assez fabuleux, Welles en tête comme d'habitude, mais assez vite ces doutes se sont envolés et ont laissé place à un plaisir constant.

Welles nous gratifie une fois de plus d'une introduction grandiose, que je connaissais forcément plus ou moins vu la notoriété du film, un vrai grand moment de cinéma.

Même moi qui n'y connaît rien, je le répète, j'ai quand même pu voir à quel point le film et sa narration sont originaux, servis par une mise en scène géniale, ingénieuse, qui n'en fait jamais trop et parvient constamment à être limpide et en même temps impressionnante, sans pour autant faire dans le tape-à-l’œil (un peu anachronique, je suppose).

Mais ce qu'il y a de mieux dans le film, c'est l'enquête autour de cet homme dont on cherche à connaître la vie et qui, comme dans les films noirs, va être mystérieuse, un peu trouble, et jusqu'à la fin j'avais envie de savoir ce qu'était ce fameux rosebud. Et qui de mieux pour jouer un mania de la presse charismatique que Welles, acteur monstrueux de charisme dès ce premier film ? Vraiment il est aussi grand acteur que cinéaste.

Alors si le film parvient à émouvoir, à passionner pour cette enquête qu'il constitue sur ce vieil homme mystérieux, c'est sur la fin qu'il atteint, je pense, son sommet. On finit par s'y attacher à ce bougre, alors quand vient le moment de brûler tous ses biens, c'est à dire sa vie (c'est triste à dire, mais c'est comme ça), j'ai finit par avoir un peu pitié de lui, à l'image du journaliste. Et la fin en elle-même est magnifique, à la hauteur du début du film.

Même si c'est très bien, je ne peux m'empêcher de penser que Welles en était à ses débuts et qu'il fera encore bien mieux par la suite, la preuve en est avec Lady from Shanghai et Le Procès (ou Le Criminel, qui est malheureusement sous-estimé). Mais Citizen Kane est un film passionnant, rien que par sa mise en scène.