Citizen-Zen, très Zen le Kane dans sa Benz avec sa rolex... et "Rosebud" au milieu de tout ça ?

Régulièrement cité comme étant le plus grand film de l'histoire du cinéma (il se dispute la médaille d'or avec "Vertigo"), je me suis décidé à écrire ma "première" critique sur celui-ci.

Aujourd'hui, seul un public averti s'orientera vers ce film. C'est ce que j'ai fait cette nuit, après avoir souvent fait l'impasse sur cette oeuvre. Ma première impression fut la suivante : Était-il orienté grand public à sa sortie ? Je n'en suis pas persuadé.
L'histoire est pourtant simple, le film narre la vie d'un héritier millionnaire journaliste. Son souhait n'étant pas de prospérer dans le luxe en ramassant toujours plus d'argent, mais simplement de devenir quelqu'un d'honorable en dirigeant l'acquisition d'un journal.
Une sorte de biopic-fiction avec un mystère à la clef. Le film commence par une séquence de sept minutes qui résume toute la vie de Kane (Orson Welles). Si vous y ajoutez le mystère de la phrase du prologue, "Rosebud", autant dire que vous aurez vu quasiment tout le film. Mais n'éteignez pas le téléviseur, car après cette séquence monté façon "journalistique", vous aurez le droit à une mise en abyme où l'on découvre des journalistes qui regardent ce programme télévisé. Intéressant ! D'autant plus qu'ils mèneront l'enquête à propos de cette fameuse dernière phrase de Kane. S'ensuit alors des témoignages de proches avec des retours en arrière amenés par des fondus enchaînés de toute beauté.

Les points forts du film : la narration, le découpage jamais linéaire avec des plans (aux perspectives parfois inédites pour l'époque) qui s’enchaînent, la lumière, le maquillage (les étapes de la vie de Kane forcément), la mise en scène millimétrée, ainsi que la profondeur de champs.
Les points faibles : j'ai trouvé les dialogues pauvres, aucune réplique percutante pour ma part, des acteurs sobres dont les mouvements manquent de naturel. Un film trop parfait en somme, pas de folie ambiante.

Pour être objectif, ce film est certes bien fait... mais subjectivement, la bobine ne prend pas chez moi. Probablement aux antipodes de ce que j'aime par dessus tout dans un film, soit l'évasion... Il faut que je sois emporté. Là, j'étais plutôt emprisonné pendant presque deux heures, attendant que ma peine soit terminée.
Le personnage principal est banal, il manque de charisme. L'histoire n'est pas transcendante, et plusieurs sujets sont abordés sans un réel développement comme la réputation, l'ascension et la chute, le pouvoir de l'argent, le pouvoir de contrôler des médias.., alors que la manière dont est narré le film est géniale. De beaux décors en intérieur (de beaux lieux en extérieur lors du prologue). Une lumière utilisée on ne peut mieux (bien qu'on devine à l'aise la direction des acteurs).

Je suis admiratif de l'esthétique du film mais c'est tout, pas d'émotion, juste de l'ennui. A noter, l'ellipse (vers 23mn) lors du retour en arrière avec le tuteur de Kane, "Thatcher", lui souhaitant "joyeux noël" puis vingt ans plus tard "bonne année" !

Attention divulgâcheur : le mystère "Rosebud" selon moi ! Au cours de sa vie, Kane a tout voulu, et a tout obtenu sauf deux choses... le départ de sa deuxième femme, et l'enfance qu'il n'a pas eu. Seconde hypothèse, la vie est un jeu (la luge étant un jouet), et Kane voulait garder son journal pour s'amuser. Dernière hypothèse farfelue, "Rosebud" est le nom de sa luge, et Kane aimait sa luge perdue plus que tout... Je comprends mieux pourquoi ce film est classé dans le genre drame maintenant !

La Note : 5, car il lui faut au moins la moyenne (rien que ça) + 1 point pour la narration + 1 pour les plans fabuleux .