Cloclo par Pepito-Bleu

Vie et mort de Claude François : intérêt proche de zéro, non ? Le genre du biopic, en France, donne souvent lieu à des choses pompeuses et tire-larmes, non ? Pourquoi se l'infliger ? Et donc ça démarre, c'est à peu près aussi insupportable que la voix caquetante de l'idole. Le scénario tombe dans tous les pièges à éviter : trauma fondateur du héros (sans dec'), ascension à la dure semée de larmes, parcours en saute-mouton sans aucune véritable scène. Pas de point de vue donc. Quant à la réalisation qu'on vante porteuse du film, elle paraît certes plus ambitieuse et soignée que d'autres, mais au final très m'as-tu-vu. Mais peu à peu, il y a comme un envol (à vrai dire, tout à coup, il y a une scène live avec Otis Redding... serait-ce ici le déclic ?). Au sommet de la gloire de l'idole, le film se rend compte qu'il est quasiment libéré des scènes descriptives sans lesquelles il ne pourrait prétendre raconter la "vraie vie" du chanteur. Alors la mise en scène (car c'est bien elle qui prend le pouvoir) s'enfonce dans la folie mégalomaniaque de son héros, en fait son centre névralgique, pour en tirer des moments assez fous, une synergie : plan-séquences aussi impressionnants qu'ils semblent donc émerger de la mégalomanie même du chanteur, scènes live majestueuses mais également très perturbées (voire cannibales), lumières clinquantes et paillettes qui dessinent de façon perverse le devenir kitsch de l'idole. Enfin, on ressent un trouble, quelque chose ! Et on regrette presque qu'il n'y ait pas eu un scénario digne de son nom, enfin un scénario qui assumerait un angle pour raconter la vie du petit tyran tête-à-claques. Pourquoi pas, la vie de Claude François, ç'aurait été passionnant.