Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Au pays de la mort, on s'amuse on pleure on rit, il y a des méchants et des gentils.

Disney et la représentation des pays, c'est tout ou rien : Hercule ? Les grecs détestent ! Aladdin ? les orientaux adorent. Vaiana ? Les Polynésiens ont du mal ! Et voici ce Coco qui représente le mexique... et que les mexicains KIFFENT ! (A condition que Disney ne mette pas de Copyright sur le nom "Dia de Los Muertos" comme c'était prévu à la base... les requins.) Bon, après, on me dira "ouais, mais c'est pas Disney qui a fait le film, c'est Pixar."


Mais je pense qu'il y a, dans ce film des leçons que le studio Disney devrait prendre quand il s'agit de montrer une culture étrangère à la leur. Visiblement, c'est moins dans le fait de reprendre un mythe ou une tradition et de l'adapter de façon américaine que dans le faire sans condescendance. Ici, ils se sont appuyés sur un co-scénariste d'origine mexicaine et ont virés le côté "misérabiliste" qu'on peut avoir du pays. Miguel vit dans une famille qui semble faire partie de la classe moyenne (il est dans une lignée d'entrepreneur depuis plusieurs génération) et les mexicains que l'on voit semblent avoir une vie relativement ordinaire. Et si l'on voit des gens avec un sombrero, c'est normal... c'est qu'ils sont mariachis et que c'est un jour de fête : ils ont une véritable raison de s'attifer d'un costume traditionnel. De plus, il rend hommage à des gens dont les mexicains sont vraiment fier : Frida Khalo, les chanteurs d'opéras et il y a même une allusion à un catcheur célèbre.


(Après, si vous voulez avoir une idée de la façon dont les différents pays aiment les clichés qui leur sont associés, je vous conseille l'entrée Mexicans Love Speedy Gonzales de TvTropes, qui est franchement intéressante.)


Mais surtout, les gens de chez Pixar reprennent le concept del Dia de los Muertos et en font quelque chose de vraiment intéressant. Ça n'est pas la première fois que les américains s'en servent comme toile de fond d'un scénario, mais ici, il permet de comprendre la spécificité de cette fête. J'aime la façon dont ils arrivent à poser leur concept et leurs bases sans se forcer dans la première demi-heure du film, expliquant le background du personnage mais aussi des concepts inventés (le fait qu'il faut une photo pour ne pas disparaitre du monde des morts, le pont, les malédictions, la police des morts, etc...) J'aime la façon dont ils expliquent une image la question triviale du "pourquoi lorsqu'on donne de la nourriture aux morts, le bol reste plein."


Et surtout, après Vice-Versa qui était un film pour enfant qui réussissait à leur expliquer le concept de dépression, on a un film pour enfant qui parle de la mort. Le film réussi le tour de passe-passe de ne vexer aucune religion, ce que l'on voit étant une sorte d'entre deux ou les possibilité qu'il y ai un paradis, un enfer, un valahla ou une réincarnation derrière est ouverte à interprétation. Il parle du souvenir des morts et de la façon dont doit les chérir.... et c'est chouette. (J'ai eu ma larmiche.)


A noter qu'on est dans un Pixar avec des chansons, ce qui le rapproche encore plus d'un film Disney. Ceci dit, les chansons sont justifiés par le fait que les personnages sont des musiciens. De plus, cela permet une scène de climax finale que j'ai vraiment bien aimé où la danse devient une sorte de combat. D'ailleurs, sur tous les films que j'ai vu depuis le début du mois c'est le seul dont j'ai eu envie de réécouter l'OST. (Bon, faut bien aimer la chanson "recuarde me.")


Alors, certes, le gros point noir du film, c'est qu'il est prévisible. Genre "prévisible / prévisible", avec des retournements que tu vois arriver plus d'une demi-heure en amont. Est-ce que ça gène dans le visionnage du film ? Pas vraiment. J'ai même l'impression que lors du retournement, ils font comme si on avait tous compris.


Et c'est un peu le même schémas que tout les Pixar : "Un personnage doit retrouver le chemin de sa maison" mais en fait, je crois que ça ne gène que Meeea. Perso, j'y vois un trope bien utilisé. Du moment qu'il garde leur génie pour rajouter des gags bien senti à droite et à gauche, ça me va.


Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Clairement. Même les squelettes ne font pas peur.


Possibilité de remake : Durant le visionnage, on a déliré sur le même film mais en remplaçant un chanteur par un youtuber célèbre.

"Je veux faire des podcast."
"J'ai banni les applications YouTube. Ton grand père devait aller à Japan Expo et n'est jamais revenu."
" Mon dieu... mon grand père, serais ce youtuber légendaire... Antoine Daniel ?"
"Who Who, on se calme. C'était pas lui. Juste un blaireau qui faisait des vidéos sur les mèmes et n'arrivait à peine à 40 000 abonnés."


Le détail qui m'agace : Comment la famille de La Cruz fait-elle pour manipuler en trois boutons une caméra et une console de son afin d'enregistrer Ernesto alors qu'ils sont à 3 mètres de lui. Ces trucs sont complexes !


Le détail qui m'amuse : Le cliché du "je ne veux pas que mon enfant devienne un ...." est poussé à son maximum avec une famille qui est anti-musique depuis des générations au point que ça en devient complètement absurde : Les mecs jettent des pierres aux mariachis et ils seraient limite près à punir quelqu'un pour avoir chantonné un truc.


Suis-je le seul ? A me demander s'il y a une mode de "l'animal sidekick stupide" parce qu'après la poule dans Vaiana, on a Dante qui est particulièrement... heu... pas futé.

le-mad-dog
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le 20 déc. 2018

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Mad Dog

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