Dimanche on fait rien, comme des Comanches

Comancheria c’est une publicité d’1h40 pour l’Amérique texane comme on l’imagine: un catalogue à la fois magnifique et sans concession.
A cheval entre des paysages à couper le souffle dans lesquels on rêve de plonger et un climat caniculaire habité par des hommes aux mentalités bloquées depuis des décennies.
Ça transpire par tous les pores, autant par l’effet de la chaleur que par un excès de testostérone.
On jurerait pouvoir sentir la sueur à travers l’écran tant il est facile de plonger dans l’univers proposé.
Dit comme ça ce n’est pas spécialement encourageant, et pourtant c’est cette immersion qui rend le film si agréable.
Les hommes sont rustres, mais vrais: leurs échanges sans gants donnent des dialogues croustillants, et on imagine tout à fait qu’en prenant l’avion demain on va pouvoir trouver quelques vieux de la vieille aux répliques aussi bien senties que celles de Jeff Bridges dans Comancheria.


Cette implication apparaît dès le début: les images proposées sont belles, les plans bien pensés, la photographie maîtrisée, et la musique absolument parfaite.
Quand on découvre nos anti-héros, deux frères braqueurs de banque, on ne peut qu’aimer la manière dont ils se fondent dans le paysage.
Même bonne surprise du côté de la police, et on apprécie de pouvoir se sentir aussi proche d’un côté que de l’autre.
Rien à dire sur les acteurs qu’on imagine taillés pour leurs rôles, et ça c’est une vraie bonne surprise.


L’ambiance est tellement agréable qu’on a du mal à se figurer qu’on est en train de suivre de petits bandits, et à vrai dire on ignore où on va atterrir, et on s’en moque un peu.


Même quand il ne raconte rien le film reste fidèle à l’ambiance qu’il a su installer, et on ne sort jamais de ce climat si pesant et prenant.


Sans avoir de message spécialement fort, l’air de rien Comancheria évoque une foule de choses, allant de l’histoire américaine de ses villes hors du système et hors du temps en passant par la cohabitation des communautés et des générations, les histoires de sous entre banques locales, patrimoine à transmettre, or noir, fraternité exacerbée, sens du sacrifice.
Beaucoup d’évocations mais jamais d’apitoiement, de la même façon que la musique, tout se passe avec naturel et douceur.


Le réalisateur a expliqué que sa méthode de travail consistait à écrire une partie et laisser le naturel faire le reste, et c’est sans doute pour ça que tout passe si bien: parce qu’on s’y sent naturellement à l’aise et aptes à oublier que la réalité qu’on nous sert est sans doute trop conforme à notre imagination pour être véridique, mais que c’est justement là que réside son charme.


On ne s’ennuie pas un instant durant le voyage et on est heureux d’avoir pu être de la partie.

iori
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cinexpériences - La liste aide-mémoire.

Créée

le 7 sept. 2016

Critique lue 595 fois

6 j'aime

1 commentaire

iori

Écrit par

Critique lue 595 fois

6
1

D'autres avis sur Comancheria

Comancheria
Sergent_Pepper
8

Non-lieu commun.

Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...

le 3 déc. 2016

85 j'aime

6

Comancheria
Behind_the_Mask
8

Un plan simple

Comancheria commence comme un film de braquage classique, tendance coups à moitié minable afin de faire du fric facile. Rien de bien neuf a priori, sauf le cadre de son scénario, qui fait évoluer son...

le 7 sept. 2016

83 j'aime

7

Comancheria
guyness
9

Ce peuplier, que le tonnerre foudroie

Toute une série d'activités, à priori relativement saines ou inoffensives, peuvent se révéler dangereuses, voire mortelles, lorsqu'elles sont pratiquées en état d'ivresse. Les plus connues sont même...

le 7 déc. 2016

66 j'aime

16

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

27 j'aime

9

Les Cowboys
iori
8

Kelly watch the stars

François Damiens dans un film qui s’intitule “les cowboys”, où il incarne un père de famille fan de country dans les années 90. Voilà une base qui donne envie. Envie de fuir bien loin. Sauf que ça se...

Par

le 18 nov. 2015

24 j'aime

7