Rentrée ciné : ça comanche bien ...

Après le Fils de Jean, voici notre second coup de cœur de la rentrée (la bande annonce nous avait mis le whisky à la bouche) avec cette Comancheria de David MacKenzie.
Sous une lumière écrasante et desséchante, dans des paysages désertiques et désertés, nous voici au fin fond du Texas, en territoire Comanche, à deux pas de l'Oklahoma.
Il ne fait plus bon vivre ici : les indiens ont été dépossédés de leurs terres, les fermiers texans sont en train de se faire dépouiller par les banques.
Le scénariste de Sicario, texan lui-même, Taylor Sheridan nous raconte l'histoire de ces hommes perdus au milieu de nulle part (le film s'ouvre sur un graffiti évoquant les guerres de l'oncle Sam au Moyen-Orient).
L'histoire de deux 'couples'.
Du côté des rangers, Jeff Bridges est extra, plus texan que lui tu meurs. Le vieux flic tarde à prendre sa retraite de crainte de regretter son adjoint, un indien, qu'il abreuve de blagues racistes à longueur de patrouille monotone sur les routes sans fin.
Du côté des braqueurs, les deux frangins qui ont décidé de se faire quelques banques pour pouvoir rembourser les dettes qui accablent leur ranch (on vous laisse découvrir toutes les subtilités du scénario, plus malin qu'il n'en a l'air). Le fils aîné sort tout juste de taule, le cadet de son divorce (c'est le beau Chris Pine) et c'est une belle histoire de frangins qui va nous être racontée.
Les dialogues sont tellement bien foutus qu'il suffit de quelques mots pour nous faire comprendre les histoires de ces quatre paumés désemparés.
Hey man, ici au Texas tout fout le camp. Rien ne va plus, faites vos jeux ...
Un 'western' étonnamment moderne sur fond de crise sociale. Il faudra même quelques répliques de temps à autre, pour nous rappeler qu'on est bien au XXI° siècle et pas en 1929.
Le reste est affaire de magie du cinéma : un parfait équilibre, chaque scène est soigneusement pesée, chaque réplique judicieusement calibrée. Dosage parfait entre les paysages désertiques, les rues des villes désertées, la lumière jaunie du soleil et de la pellicule, le duo des flics rangers et celui des frangins braqueurs, quelques rapides scènes d'action et quelques pudiques échanges sur la galerie d'un ranch ou d'un motel, lourds de sens. Quelques bières aussi.
Ah ! et une bande son (du hillbilly bien électrique compilé par Nick Cave) qui vaut le ticket à elle seule et dont on retiendra particulièrement la musique de Colter Wall.
En VO, le titre : Hell or High water (l'enfer ou le déluge) nous invite à quoiqu'il arrive, ne plus reculer, advienne que pourra.
Pour celles et ceux qui aiment les texans.

BMR
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 sept. 2016

Critique lue 361 fois

1 j'aime

BMR

Écrit par

Critique lue 361 fois

1

D'autres avis sur Comancheria

Comancheria
Sergent_Pepper
8

Non-lieu commun.

Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...

le 3 déc. 2016

86 j'aime

6

Comancheria
Behind_the_Mask
8

Un plan simple

Comancheria commence comme un film de braquage classique, tendance coups à moitié minable afin de faire du fric facile. Rien de bien neuf a priori, sauf le cadre de son scénario, qui fait évoluer son...

le 7 sept. 2016

83 j'aime

7

Comancheria
guyness
9

Ce peuplier, que le tonnerre foudroie

Toute une série d'activités, à priori relativement saines ou inoffensives, peuvent se révéler dangereuses, voire mortelles, lorsqu'elles sont pratiquées en état d'ivresse. Les plus connues sont même...

le 7 déc. 2016

66 j'aime

16

Du même critique

A War
BMR
8

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

Par

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

The Two Faces of January
BMR
4

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

Par

le 23 juin 2014

10 j'aime

Les bottes suédoises
BMR
6

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

Par

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1