J'aime les comédies poétiques de Bruno Podalydès, leur liberté assumée à s'ouvrir comme des fleurs pour exhaler des parfums divers.


Elles sont amusantes, toujours délicieuses de fraîcheur, ancrées dans l'humanité des personnages, mais tout aussi nourries par la proximité charnelle de la nature. Les hommes et les femmes laissent libre court à leurs fantasmes, à leurs folies, à leurs originalités farfelues. Profondément humains (j’entends par là créatures intellectuelles, sensibles et pleines d'émotions qui peuvent les dépasser), les personnages restent attachés à leur animalité. Corps et âme en doux équilibre, entre désir et rêve, sens et angoisse, les thèmes sont larges, d’une belle générosité.


J'ai l’air ici de généraliser, oui, c'est vrai, peut-être que j'exagère, mais ce Comme un avion est particulièrement représentatif de tout ce que je viens de décrire, même si on le voit dans bien d'autres comédies du cinéaste.


Ce que j'aime aussi dans ce film, c'est à la fois sa vitesse de croisière, cette aptitude à se laisser glisser sur un rythme très délicat, celui du personnage au gré de cette espèce d'errance estivale qu’il s'octroie le long de la rivière. Voilà un film d’été, de vacances, par excellence !


En dehors du cadre de la comédie trépidante, le comique y est doux : peu de gags énormes. Seuls peut-être la participation désopilante de Pierre Arditi ou bien encore le binôme d’hurluberlus combiné par Michel Vuillermoz et Jean-Noël Brouté pimentent-ils le film de leur tonalité burlesque ? Sinon, tout y est finesse. L'incongruité des situations, le pittoresque des personnages et l'étrangeté pourtant toute simple de cette histoire de dérive fondent donc un humour subtil, caressant même, en velours ou flanelle.


Je ne connaissais pas bien Bruno Podalydès en tant que comédien. J'ai le sentiment de le découvrir avec ce premier rôle d'envergure. Il est bon, bien à son aise semble-t-il, avec ce personnage “heureusement” paumé, rêveur, dont la docilité revendiquée face aux événements est sans doute l'essence même du film, donnant à son périple le goût d’une aventure paisible.


Joli rôle pour Agnès Jaoui également. Elle est gracieuse. Son jeu est très sûr, fort judicieux. Elle m'impressionne et me surprend tant je ne suis pas habitué à la voir jouer sur ces tonalités apaisées, fantaisistes et légères.


Au final, j'ai passé un moment ravissant à voir un film adorable de délicatesse, un film souriant, végétal et carné, volontiers fantasmagorique et d’une certaine manière que je subodore nostalgique et pourquoi pas enfantin.


http://alligatographe.blogspot.fr/2017/07/comme-un-avion-podalydes-jaoui.html

Alligator
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le 13 juil. 2017

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