Je l'écris souvent ici : j'aime bien les gens qui tentent des choses. Rien que pour cela, la démarche d'Orelsan est à saluer tant il montre plus d'audace, d'envie et de volonté que beaucoup de réalisateurs infiniment plus expérimentés et « compétents » que lui. D'ailleurs, il a eu la bonne idée de s'entourer du talentueux Christophe Offenstein, directeur de la photographie reconnu, pour la technique. Malheureusement, ces bonnes intentions ne suffisent pas à faire un film et cela se ressent. Le rappeur tente beaucoup de choses, a un vrai sens du dialogue et des répliques qui claquent, son duo avec son pote Gringe fonctionnant franchement bien.
Reste que si l'idée de départ est sympa, on sent bien que les deux compères ont du mal à en faire quelque chose. Certes, on peut aussi voir cela comme cette incapacité à se poser, à faire quelque chose de sa vie, amenant du coup à glander à longueur de temps tout en prenant bien soin de refaire le monde : je l'entends. Maintenant, ça n'empêche pas l'impression qu'il ne se passe pas grand-chose, Orelsan n'ayant clairement pas le bagage pour créer une vraie dramaturgie, l'œuvre apparaissant souvent assez bancal formellement.
Mais cette fausse comédie musicale a au moins le mérite d'avoir de l'imagination, certains échanges étant criants de justesse quant à toute cette génération ayant un mal fou à trouver sa place dans la société, à accepter la « vie réelle », au point de me retrouver régulièrement dans ses propos parfois d'une grande force. Du coup, ce cinq peut paraître sévère. J'ai envie de le voir comme un encouragement : qu'Orelsan garde toute sa bonne volonté, ses idées, son intelligence, son talent d'écriture pour les mettre au service d'un film autrement plus abouti dans la forme, car là, je serais le premier à l'encenser. À noter la présence de l'excellente chanson « À l'heure où je me couche » pour conclure : de quoi terminer sur une note positive.