Le traitement est assez original, contrairement à l'habituel film catastrophe, même si du coup le film en devient un peu long. Ce qui est intéressant, c'est l'attachement maladif porté aux détails de propagation du virus, ce qui provoque en nous une certaine prise de conscience : on ressort du visionnage plus attentif au quotidien. Si les plans demeurent très simples et la mise en scène épurée, le découpage l'est moins. Dès le début, on est précipité au cœur de ladite contagion avec une certaine agressivité, ce qui à mon sens retranscrit bien l'aspect inattendu du phénomène. Ce que je reprocherais à ce film, tout comme j'ai pu le lire dans pas mal de critique SC, c'est le fait qu'il suive autant de personnages "principaux" et qu'il n'arrive pas finalement à l'assumer : certains paraissent totalement inutiles car négligés. Après, la rupture réside aussi dans le fait que certains d'entre eux - qui traditionnellement survivent pendant le film du fait de leur importance présupposée - se retrouvent morts au bout de peu de temps, sans que finalement cela semble plus grave que la perte d'une personne lambda. Cela peut retranscrire la banalité de la mort dans ce genre de circonstances et rappeler l'égalité devant elle - trop souvent ignorée dans les œuvres de fiction - et c'est quelque part astucieux puisqu'ayant accompli leur fonction, certains personnages sortent de l'histoire ou bien y rentrent réellement en mourant (Gwyneth Paltrow). Côté soundtrack, on retrouve quelque chose d'assez psychédélique qui nous tient en allène, encore une très jolie création du talentueux Cliff Martinez, et qui peut être interprétée comme un hommage à la bande-son de 28 jours plus tard. Visuellement, la photographie tiraillée entre le bleu et le jaune pourrait rendre compte des dilemmes auxquels tout un chacun se voit confronté. Elle pourrait également traduire l'avancée versatile de l'épidémie et la séparation entre chercheurs dépassés et civils paniqués - frontière changeante puisque les chercheurs se retrouvent rattrapés par leur survie personnelle. En ce sens, c'est assez intelligent, même si ça n'est pas superbe. La fin est à l'image de l'oeuvre : intéressante sous bien des aspects, mais comme incomplète... Il manque un truc à ce film.
Soleil-Grognon
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 3 nov. 2013

Critique lue 845 fois

2 j'aime

Soleil Grognon

Écrit par

Critique lue 845 fois

2

D'autres avis sur Contagion

Contagion
real_folk_blues
3

Et pis Demi elle joue pas dans le film

Contagion fait parti de ces films qui laissent un drôle de goût à la fin. Vous voyez sans doute de quel goût je veux parler si vous avez déjà bu un verre d'eau ou mangé de la neige. C'est le goût DU...

le 3 févr. 2012

68 j'aime

9

Contagion
Theloma
7

Covid-19 versus MEV-1 : quand la réalité dépasse la fiction

En 2011, neuf ans après l'épidémie de SRAS et deux ans après celle du H1N1, Steven Soderbergh réalisait Contagion. Le film raconte l'émergence d'un virus mystérieux, le MEV-1 et la pandémie qui...

le 5 avr. 2020

61 j'aime

9

Contagion
-Marc-
6

Coup de torchon

Aujourd'hui tous ou presque attribuent le réchauffement climatique aux gaz à effet de serre, les gaz à effet de serre à la pollution, la pollution aux activités humaines. Quelques uns ont franchi...

le 24 févr. 2020

27 j'aime

16

Du même critique

Tomboy
Soleil-Grognon
7

Un petit havre de paix...

Très joli petit film, charmant et charismatique ! C'est avec attention que je l'ai visionné et je dois avouer que Céline Sciamma, qui m'était encore inconnue jusqu'à ce jour, arrive non seulement à...

le 1 févr. 2012

10 j'aime

Fantastic Mr. Fox
Soleil-Grognon
8

Une perle signée Wes en personne !

Très bon film d'animation, adapté avec brio par Wes Anderson, Roald Dahl aurait été très fier ! Haut en couleur, plein d'humour, brillant d'esthétisme autant dans ses décors que dans ses personnages...

le 29 déc. 2011

10 j'aime

Gran Torino
Soleil-Grognon
9

What a fucking good movie !

Mais quel bon film, en effet Clint Eastwood a bien vieillit et ses films avec ! Le revoilà devant la caméra dans le rôle d'un homme tout juste veuf, solitaire et très attaché à son pays (en découle...

le 21 févr. 2012

9 j'aime