Les hydroalcooliques anonymes
Le traitement est assez original, contrairement à l'habituel film catastrophe, même si du coup le film en devient un peu long. Ce qui est intéressant, c'est l'attachement maladif porté aux détails de propagation du virus, ce qui provoque en nous une certaine prise de conscience : on ressort du visionnage plus attentif au quotidien. Si les plans demeurent très simples et la mise en scène épurée, le découpage l'est moins. Dès le début, on est précipité au cœur de ladite contagion avec une certaine agressivité, ce qui à mon sens retranscrit bien l'aspect inattendu du phénomène. Ce que je reprocherais à ce film, tout comme j'ai pu le lire dans pas mal de critique SC, c'est le fait qu'il suive autant de personnages "principaux" et qu'il n'arrive pas finalement à l'assumer : certains paraissent totalement inutiles car négligés. Après, la rupture réside aussi dans le fait que certains d'entre eux - qui traditionnellement survivent pendant le film du fait de leur importance présupposée - se retrouvent morts au bout de peu de temps, sans que finalement cela semble plus grave que la perte d'une personne lambda. Cela peut retranscrire la banalité de la mort dans ce genre de circonstances et rappeler l'égalité devant elle - trop souvent ignorée dans les œuvres de fiction - et c'est quelque part astucieux puisqu'ayant accompli leur fonction, certains personnages sortent de l'histoire ou bien y rentrent réellement en mourant (Gwyneth Paltrow). Côté soundtrack, on retrouve quelque chose d'assez psychédélique qui nous tient en allène, encore une très jolie création du talentueux Cliff Martinez, et qui peut être interprétée comme un hommage à la bande-son de 28 jours plus tard. Visuellement, la photographie tiraillée entre le bleu et le jaune pourrait rendre compte des dilemmes auxquels tout un chacun se voit confronté. Elle pourrait également traduire l'avancée versatile de l'épidémie et la séparation entre chercheurs dépassés et civils paniqués - frontière changeante puisque les chercheurs se retrouvent rattrapés par leur survie personnelle. En ce sens, c'est assez intelligent, même si ça n'est pas superbe. La fin est à l'image de l'oeuvre : intéressante sous bien des aspects, mais comme incomplète... Il manque un truc à ce film.
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