Je viens de visionner ce film pour la première fois en contexte de confinement lié au coronavirus, curieux de voir dans quelle mesure l'actualité le rendait particulièrement intéressant.


Et je n'ai pas été déçu, même si bien sûr l'approche est plutôt américanocentrée, que les conséquences dramatiques d'une pandémie ont été poussées un peu plus loin que ce que nous vivons aujourd'hui et que les choses paraissent un peu moins sous contrôle, toutes proportions gardées (virus qui se déploie plus vite et aux effets délétères plus rapides, violences urbaines, enlèvement...). Le casting "blockbuster" pouvait laisser craindre le pire, mais on ne voit pas le bouchon poussé trop loin et l'ensemble a quelque chose de plausible, j'ose le mot.


Le style de Steven Soderbergh a certes parfois des accents de documentaire, mais il y a des techniques de dramatisation simples et efficaces, comme ces gros plans et ces brefs arrêts sur image sur des gestes contaminateurs. Et bien sûr, si le film peut parfois paraître manquer de nerf, on peut a contrario lui reconnaître le mérite de ne pas trop présenter le confinement comme ce qu'il est : d'un ennui mortel ! Surtout, vue aujourd'hui, la fin du film - qui livre l'origine de la contamination - tape remarquablement juste.


Parmi les choses qu'on peut regretter :
- le côté un peu caricatural du personnage joué par Gwyneth Paltrow : un "patient zéro" qui s'avère irrécupérable tant par sa vie professionnelle (ou au moins par la responsabilité de l'entreprise qui l'emploie dans le déclenchement de l'épidémie) que par sa vie personnelle extraconjugale.
- le personnage de pseudo journaliste et blogueur "poil à gratter" joué par Jude Law. S'il est délicieusement complexe (il apporte surtout du contre mais aussi du pour dans la lutte contre l'épidémie), il est un peu court pour représenter à lui seul la polyphonie du monde de l'internet et des médias.
- une humanité dépeinte comme cédant globalement au chacun pour soi, une tendance de fond à laquelle seuls quelques rares personnages salvateurs (médecins, spécialistes de l'OMS...) semblent être en mesure d'échapper.


Mais pour la plupart de ces travers, il s'agit de raccourcis scénaristiques qu'on pourra juger nécessaires pour élaborer un film qui reste d'une durée raisonnable.

rwanotis
7
Écrit par

Créée

le 27 avr. 2020

Critique lue 84 fois

rwanotis

Écrit par

Critique lue 84 fois

D'autres avis sur Contagion

Contagion
real_folk_blues
3

Et pis Demi elle joue pas dans le film

Contagion fait parti de ces films qui laissent un drôle de goût à la fin. Vous voyez sans doute de quel goût je veux parler si vous avez déjà bu un verre d'eau ou mangé de la neige. C'est le goût DU...

le 3 févr. 2012

68 j'aime

9

Contagion
Theloma
7

Covid-19 versus MEV-1 : quand la réalité dépasse la fiction

En 2011, neuf ans après l'épidémie de SRAS et deux ans après celle du H1N1, Steven Soderbergh réalisait Contagion. Le film raconte l'émergence d'un virus mystérieux, le MEV-1 et la pandémie qui...

le 5 avr. 2020

61 j'aime

9

Contagion
-Marc-
6

Coup de torchon

Aujourd'hui tous ou presque attribuent le réchauffement climatique aux gaz à effet de serre, les gaz à effet de serre à la pollution, la pollution aux activités humaines. Quelques uns ont franchi...

le 24 févr. 2020

27 j'aime

16

Du même critique

Civilisation
rwanotis
7

Utile mais un peu difficile

Un livre nécessaire, pour mieux appréhender l'emprise culturelle des États-Unis sur l'Europe et pour appréhender parallèlement (sans en faire un drame) le déclin de notre Europe en tant que...

le 19 déc. 2017

3 j'aime

Django main de feu
rwanotis
6

Un beau moment... surtout pour l’illustration

Cette bande dessinée est un beau moment en compagnie d’un des génies de la musique du 20e siècle, au moment où tout se joue : avant les années 1930. Un récit beaucoup agréablement illustré que ce que...

le 30 mai 2021

1 j'aime

La Nouvelle guerre des étoiles
rwanotis
10

Un livre suite à la lecture duquel on peut légitimement hésiter à mettre une note !

C’est notre tendance actuelle à vouloir tout noter (sur cette plateforme SensCritique et ailleurs), ses chimères et ses conséquences parfois lourdes, ses origines et son actualité dans de nombreux...

le 15 mars 2021

1 j'aime