http://www.flaneriescinematographiques.com/article-contagion-88468951.html

Ma grande nosophobie me faisait craindre un spectacle particulièrement anxiogène. Mais il n'en est rien. Pourtant, ce thriller choral se distingue par son traitement particulièrement réaliste, pour ne pas dire clinique (voir l'autopsie de Beth Emhoff). Alors, qu'est-ce qui fait que Contagion ne fonctionne pas, qu'il ne provoque pas l'effroi, qu'on ne se sent pas concerné ? Peut-être est-ce un effet de l'emballement médiatique de l'épisode H1N1, qui nous amène aujourd'hui à considérer un tel sujet avec un brin de cynisme. Sans doute cela tient-il aussi au fait que le propos de Soderbergh se dilue dans plusieurs intrigues secondaires mettant en scène des personnages trop désincarnés pour susciter l'intérêt. C'est le cas, par exemple, de celui du docteur Leonora Orantes, interprété par une Marion Cotillard qui poursuit une carrière hollywoodienne aussi prestigieuse... qu'insignifiante et muette. En effet, que ce soit sous la direction de Michael Mann (Public ennemies) ou de Christophe Nolan (Inception), on ne peut pas dire qu'elle se soit vu jusque-là confier des rôles très denses et très dialogués. Bon, sachons gré tout de même à Soderbergh de ne pas lui avoir fait fredonner La vie en rose ou L'hymne à l'amour...

On reprochera également à Soderbergh certains traits caricaturaux : l'origine du mal vient ainsi d'Asie ; la famille recomposée est décimée, alors que le modèle plus traditionnel est préservé ; la femme adultère figure parmi les premières victimes (ah ! l'infâme pécheresse !), tandis que l'homme trompé bénéficie d'une miraculeuse immunité...

Tout n'est toutefois pas à rejeter. On retiendra notamment l'intéressant rôle dévolu à Jude Law, blogueur militant aux motivations ambiguës, dont il aurait été tendant de faire, par démagogie, une sorte de chevalier blanc face aux autorités étatiques et à l'industrie pharmaceutique, mais qui en réalité joue sur les rumeurs pour asseoir sa notoriété et s'enrichir, ainsi que la mise en scène de Soderbergh, toujours d'une absolue élégance. C'est néanmoins un peu mince pour convaincre, surtout de la part d'un tel auteur. Cependant, avant de le juger trop sévèrement, il faut garder à l'esprit qu'il nous a habitués, depuis le début de sa carrière, a alterné projets ambitieux et films ludiques, lesquels lui permettent généralement de financer les premiers. Espérons que son prochain opus, Haywire, programmé pour février prochain, appartiendra à ceux-ci
ChristopheL1
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le 12 nov. 2011

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