Le jour où j'ai découvert que Jude Law avait une dent de travers
Quand on réalise un film dont le scénario est fondé sur du factuel, les actions doivent s'enchaîner avec des transitions nettes et rapides. Certes, le sujet est délicat et les conséquences d'un phénomène tel qu'une épidémie doivent être étudiées à toutes les échelles : humaine, politique, économique, ce qui implique forcément de poser un regard introspectif sur la société. Mais là franchement, c'est excessif. Le film met un temps fou à se mettre en route et cette lenteur continuera à le caractériser jusqu'au bout pour notre plus grand malheur.
Les questions sont posées avec justesse mais sans la moindre énergie. C'est d'autant plus agaçant que la "fulgurante" propagation du virus nous paraît exagérée. J'ai d'ailleurs regardé l'heure à de nombreuses occasions tant je n'en voyais plus la fin.
Le film en général manque d'émotions à mon sens. Hormis la scène de l'annonce de la mort qui est relativement intéressante, et peut-être la blague du papounet sur le prix nobel qui m'a émue, les sentiments des personnages sont très peu exploités.
La foule aussi, est quasiment exclue du film. On ne la voit que par l'intermédiaire de gentils protagonistes qui lui demandent de bien se tenir. Il aurait été intéressant de faire des portraits au hasard (façon Elephant) de personnes découvrant qu'elles sont condamnées, de multiplier les points de vue. On ne nous donne pas la possibilité de "choisir notre camp" entre les casseurs, qui sont du coup pointés du doigt comme l'incarnation du mal absolu et les "héros", aimables sous tout rapport.
En bref :
Un sujet vaste pour lequel il aurait été aisé de tomber dans la superficialité. Malheureusement, bien qu'ayant contourner cet écueil, Contagion, ne parvient pas à décoller. Son rythme mou enlève toute force à son message. Et son côté moraliste est carrément hors de propos.
PS : En fait, Matt Damon n'était pas la clef (Cf. critique de Contagion Paragraph 78)