Ce film d'apparence modeste, comparé aux célébrissimes Apocalypse Now et Parrain(s), parvient à installer une atmosphère particulière, et trouve un ton original. La première scène est superbement filmée. On pense à l'assassinat de Kennedy en voyant ce téléobjectif en haut d'un immeuble, alors que le sujet évoque plutôt le Watergate, qui venait d'avoir lieu.
Certes, on n'est pas toujours passionné, et le mystère savamment entretenu révèle finalement une très banale histoire d'adultère. Sans doute l'intérêt du film n'est pas là mais dans le portrait de cet homme introverti, coincé, prisonnier de son job. Un job où il est reconnu maître, mais à quel prix : celui de ne jamais pouvoir se livrer, que ce soit avec son amante ou lorsqu'il joue du sax, réduit à converser avec un disque.
Le malaise qui le travaille tout le long du film (une de ses écoutes avait provoqué la mort de plusieurs personnes et le cas risque de se présenter de nouveau) m'a toutefois semblé traité avec un rien de légèreté : le scénario ne lui laisse pas prendre corps suffisamment. Bref, le film flotte un peu et n'est pas toujours passionnant.
Jusqu'à son dénouement, surprenant (je ne dévoilerai rien, mais je ne l'avais pas vu venir) et surtout cette ultime scène, très forte, où Caul dépèce littéralement son appartement pour trouver le micro qu'il épie. Là, j'ai pensé à la scène finale de Taxi Driver, film dont on l'a rapproché à juste titre, de même que de Blow Up, même si le film d'Antonioni est quand même, formellement, sur une autre planète.
Une réussite, oui. Une Palme d'Or ? Peut-être pas.