C'est ce que l'on est probablement censé se dire à la fin du film. Personnellement, je ne l'ai pas ressenti ainsi. Si la morale laisse place à la famille, jamais vraiment elle ne donne un utilité à la femme qui est juste là pour soit gronder soit se taire et écouter. C'est un peu facho en fait. Mais bon, moi et la morale... Je m'en fiche un peu du fait que, si on analyse le film on se rend compte que c'est niais ou sexiste ou tarte ou quoi encore? Chacun est libre de défendre les valeurs qu'il souhaite. Je préfère critiquer la construction du film, et non pas l'idée qu'il transmet (sauf si vraiment l'idée ne tenait pas la route car mal défendue ou incohérente par moment).
Dan in real life est un film plutôt bien conçu. Je suis assez étonné de constater combien j'apprécie davantage ce film à la seconde vision. Peut être sa sortie était elle trop proche de little miss sunshine pour pouvoir s'en démarquer pleinement. Toujours est-il que les situations sont extrêmemnt bien écrites et il est impossible de ne pas avoir l'impression de participer à cette fête de famille. Les dialogues semblent spontanés et font mouche. De même les notes d'humour et autres réactions délirantes paraissent toujours réalistes et crédibles. Puis le scénariste arrive à passer ingénieusement d'un conflit à un autre: problème de famille, vers problème d'amour, puis on revient à la famille, etc. comme un clown qui jongle. Et puis c'est rythmé, ça n'arrête jamais, il n'y a pratiquement aucun temps mort. Peut être les quelques accalmies paraissent parfois maladroites (ces moments où Dan se retrouve seul pour faire le point ou avec les enfants au phare), mais globalement ça fonctionne.
Ha oui, je précise aussi qu'on peut se douter très vite de la fin, les confflits sont présentés avec tellement peu de subtilité au début du film qu'il ne peut en aller autrement. D'ailleurs ça risquerait d'en refroidir plus d'nu. Mais c'est pas grave, c'est pas ça l'important je trouve. L'important c'est la relation entre les personnages; en plus, l'auteur joue avec sans jamais perdre de vue l'objectif principal. Et ça c'est bien. Et puis les scènes tant attendues à la fin, aussi grossière que lors de la présentation des conflits au début, arrivent tout de même à émouvoir car au final c'est ce qu'on attend pour ces personnages pour lesquels on a pu s'attacher durant le film. Un beau happy ending, c'est parfois ce qu'il y a de meilleur.
Côté mise en scène, j'aime beaucoup la position de la caméra. Par des petites touches subtiles que je n'avais pas vraiment perçues à la première vision, le réalisateur arrive à magnifier l'effet grotesque de certaines situations; il a réussi à se mettre au service du script, et a très bien compris où placer la caméra. De même dans les moments dramatiques, il sait se montrer discret. Le casting aussi est efficace. Chacun des acteurs arrive à faire vivre les personnages par les dialogues. Steve Carell a vraiment développé un jeu tout en subtilité à l'extrême opposé de ses comédies. Il prouve qu'il a un bon potentiel si seulement on lui donne l'occasion de l'exploiter.
Bref, je ne m'attendais vraiment pas à passer un si bon moment ce soir en revoyant ce film et puis voilà bardaf! Etant détaché de Little Miss Sunshine, j'ai regardé le film de façon un peu plus pure et j'en ai été conquis. Une belle histoire d'amour comme Hollywood aime en distribuer (sauf que c'est Focus qui diffuse), niaise comme même Catherine Heigl n'oserait plus, certes, mais parfaitement huilée et donc bien écrite.
PS: ha oui, j'ai oublié d'inclure quelques éléments dans la critique: en fait, le métier de Dan on s'en fiche complètement c'est un peu dommage que ce côté là ne soit pas plus exploité. Et la voix off de fin un peu facile et déroutante car en désaccord avec le film, je trouve. Mais bon.