Bon film malgré un personnage improbable

Rassembler cowboys et extra-terrestres. Une idée qui sur le papier a de quoi réjouir d'avance les fans des deux genres mais dont l'audace peut se révéler plus casse gueule qu'innovante. Fusionner western et SF, c'est marcher en devers sur une pente raide où trébucher peut conduire directement dans le ravin du navet. Malgré quelques lourds défauts, ce film qui fait mine d'y tomber un moment, ne s'y plante pas le bec.

Pour la petite histoire, on parle de Jack Lonergan, un homme qui se réveille seul en plein désert du Nouveau Mexique. A son bras, un drôle de bracelet. Près de lui, la photo d'une inconnue. Les évènements auront vite l'occasion de lui rappeler ce qu'il fait là... Absolution, petite ville minière sous la coupe du colonel Dolarhyde, dans laquelle il parvient à se rendre, est attaquée par des engins qui semble de pas avoir grand chose d'humain.

Le scénario n'est pas si simple mais n'en perd pas pour autant en efficacité. Dans cette ambiance très Big Thunder Mountain, avec un décors superbe, ville comme paysage, on est scotché toute la première moitié du film. On alterne avec subtilité entre la trame de l'histoire basée sur un western classique, et l'intrigue, développée grâce à de très bons passages de SF. De quoi se laisser porter au bout des deux heures de film sans trop s'apercevoir que le temps a passé.

Et un point qui fait plaisir. Les cowboys sont sales, moches, ils boivent et son aussi cons que leurs chevaux. Ils puent tellement que c'est tout juste si l'on ne s'en rend pas compte. Mais surtout, ils fument! Alléluia! Ils fument! Enfin une fiction moderne qui ne nous présente pas des personnages aseptisés. Non, parce qu'en suivant la tendance actuelle, ils auraient très bien pu manger du bœuf bio, utiliser les rejets de leurs canassons pour faire du composte, ou encore ramasser soigneusement leurs douilles pour les jeter dans la poubelle à métal. Bref. Et pour incarner ces réjouissants garçons solitaires et débordant de testostérone, Harisson Ford (le chapeau lui va si bien) et Daniel Craig sont plus que convaincants dans leur duo de durs à cuir.


On relèvera néanmoins quelques bémols.

Le premier concerne Ella, dont le personnage est aussi inutile au scénario que l'actrice l'est au film. Olivia Wilde joue mal. C'est une catastrophe. Son sourire Colgate ruine toute scène où elle est poussée sur le devant. En figurante, elle aurait été magnifique. Quant à son personnage, c'est une réelle erreur dans le scénario. Il aurait été bien plus réjouissant de voir les protagonistes résoudre les problèmes eux-mêmes que de se voir apporter une solution toute faite par ce personnage aussi improbable qu'impromptu.

Dommage également qu'à la fin, on vire un peu trop dans le grand spectacle, là où la suggestion aurait pu faire fonctionner l'imaginaire de manière plus efficace.

Malgré cela ce film est rafraîchissant et mérite sincèrement le détour.