Ce film... Je lui reproche pas mal de choses et pourtant je l'adore. Comme avec chaque LVT que j'ai vu j'ai de nouveau vécu une expérience de cinéma intéressante, et un peu frustrante. Mais Dancer in the Dark m'a juste pris de bout en bout, et crescendo l'émotion est montée jusqu'à un final qui m'a véritablement saisi à la gorge. Paradoxalement ce dont je suis le moins fan dans le film est véritablement essentiel à la construction de l'intrigue et du propos. Encore une fois la mise en scène de Lars Von Trier ne m'a pas plu des masses. Poses-toi Lars bon sang, j'aime quand tu effleures les corps, j'aime moins quand tu t'en détaches brusquement. La caméra parkinson c'est pas trop ma tasse de thé, pourtant des mecs comme Cassavetes savent me convaincre avec ce même procédé très réfléchi qui fait la part belle aux personnages. Ici c'est la même chose, en moins subtil. Mais bon LVT a-t-il déjà été subtil?
Le personnage de Selma est frustrant. Un personnage ultra con mais aimant et tendre. On s'y attache bordel, elle est conne mais on s'y attache, empathie maximale. Björk campe cette femme avec une telle force, c'est juste magistral. Mais voilà, c'est une protagoniste enfermée dans son honnêteté et sa candeur qui se retrouvera prise au piège par des âmes sans scrupules. Nous ne sommes en aucun cas dans un film réaliste mais un conte, un mythe. Dancer in the Dark c'est une marche funèbre, teintée d’exutoire musical. Le film passe alors du drame à la comédie musicale. Ces séquences sont un échappatoire pour Selma et pour le spectateur, il s'en dégage une vraie poésie gaie et mélancolique à la fois.

L'interprétation est forte, la mise en scène étudiée, le dénouement cruel. La séquence finale est une des plus dures que j'ai pu voir en matière de cinéma, véritablement éprouvante. Dancer in the Dark nous offre un personnage malheureusement trop naïf mais pur. On entre de plain-pied dans son intimité, on veut qu'elle s'en sorte, on veut que con fils s'en sorte. Quelque part LVT sait provoquer une révolte intérieure chez son spectateur, j'ai ressenti la même chose que pour Dogville. Mais diable que c'est frustrant, ça peut paraître un peu con ce que je vais dire mais j'ai l'impression que j'apprécierais plus DitD (et Dogville par la même occasion) au second visionnage car au moins je sais ce qui se passe et je souffrirais moins. Oui car ça m'énerve, Lars me fait souffrir et je ne peux m'empêcher de trouver ça génial.
Son film est juste bouleversant, tragique, magnifique. J'ai adoré être remué par toutes ses émotions. Lars Von Trier est décidément un cinéaste troublant, et intelligent. Peut-être un peu sadique sur les bords mais rien ne me paraît gratuit. Dancer in the Dark c'est une explosion émotionnelle de grande qualité. Et au passage j'avais oublié de mentionner cette super ouverture musicale qui introduit le film. Juste beau. A l'image du film.
Moorhuhn
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le 21 oct. 2012

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Moorhuhn

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