The Danish Girl: The Problematic Film ?

The Danish Girl est le nouveau film de l’oscarisé Tom Hooper pour Le Discours d’un Roi. Passionné par les histoires de personnages « marginaux », Danish Girl nous présente l’histoire de la première femme Lili Elbe qui a subi une chirurgie de réattribution de sexe. La transexualité est un sujet encore tabou et encore dérangeant pour un certain nombre de personnes aujourd’hui malheureusement. Mais le sujet du film n’est pas là. On suit l’histoire de Lilii Elbe et de sa femme Gerda Wegener dans les années 1920/1930. Je reviendrai sur le traitement et le point de vue que le cinéaste adopte dans le film.

Parlons d’abord de l’esthétique du film, son nouveau film est beau, Tom Hooper propose une réalisation très léchée mais malheureusement pour lui tout tombe à l’eau très vite. Tout semble très académique, on retrouve cette même patte passe-partout que dans Le Discours d’un roi. On suit l’histoire avec des plans magnifiques mais le reste laisse à désirer. La réalisation n’apporte pas grand chose, il nous met les violons et le piano d’Alexandre Desplat (compositeur que j’apprécie pourtant beaucoup) quand il le faut pour nous tirer des larmes, nous forcer à avoir de l’empathie envers un personnage Gerda alors que le problème est là. On nous pousse à ressentir de l’empathie en nous disant « Oh, regardez la pauvre Gerda ce qu’elle vit. Oh, c’est compliqué sa vie ». NON, tout le problème du film est là ! Le film adopte le point de vue de Gerda et le défend sans nuancer son propos. Lili Elbe n’existe que par les yeux et l’approbation de sa compagne Gerda comme si Lili devait se justifier de tout ce qu’elle faisait auprès d’elle. SAUF QUE NON, non Lili a sa propre individualité. Elle est un sujet et non pas un objet qui existe que à travers les yeux de sa femme. Et puis on repassera sur les moments soit disant « sérieux » mais qui poussent presque les spectateurs à rire de la situation sauf qu’elles n’ont rien de drôle. Il est là le problème.

On repassera sur la psychologie des personnages surtout celle de Lili qui est réduite à néant par les choix de mise en scène. Tout se passe par les yeux et pour les yeux de Gerda, cis-genre de son état. On est pas sensé ressentir de l’empathie pour uniquement Gerda mais pour les deux personnages ou bien alors pour Lili. Le problème aussi, c’est que Eddie Redmayne cabotine comme jamais. Il l’avoue lui même il ne connaissait pas grand chose au sujet des personnes transgenres. Nous sommes là dans un paradoxe, comment faire jouer un personnage transgenre à un homme cisgenre ? Et bien on arrive à des situations comme celle de ce film ou d’autres où l’idée qu’une femme trans n’est rien d’autres qu’une personne déguisée. Or, il n’y a rien de plus faux. On arrive au point où on peut dire que tout est faux, tout sonne faux dans ce film. Revenons un peu sur l’esthétique, oui les plans sont réellement beaux mais tout semble factice, les décors (c’est encore plus frappant quand ils sont à Paris) où on voit les clichés éculés des plans sur Montmartre et la Tour Eiffel pour nous dire eheh regarde ça se passe à Paris. C’est tout simplement énervant. Il y a bien des choses qui sonnent faux dans ce film. Toute l’esthétique semble en carton pâte.

Le réalisateur avec ses choix de mise en scène ne prend jamais le temps de prendre du recul par rapport à l’époque qu’il traite. Il ne prend jamais ses distances avec les propos tenus dans le film que cela soit sur le fond et la forme. Le réalisateur n’a pas choisi le point de vue de Lili et l’adopter totalement ce qui rend le propos du film assez puant. Je ne ferai pas de commentaire sur le simple carton final « Lili Elbe continue à inspirer les mouvements transgenres ». Certes, mais on dirait que la transphobie est quelque chose qui n’existe plus, c’est ce que peut laisser croire ce film. Et c’est d’un mépris total envers toutes les personnes trans qui subissent des discriminations tous les jours qu’elle soit dans la rue, administrativement ou bien là au cinéma.

On a ici un film oscarisable, qui sera oscarisé, avec un réalisateur oscarisé, un acteur oscarisé. Le film donne juste des bons points aux cis et qui passe totalement à côté de son sujet. C’est tout, le film n’est ni bon ni mauvais. Il est banal, c’est un film classique qui n’apporte rien. Si vous voulez voir des films qui traitent mieux de la question des trans. Regardez Laurence Anyways de Xavier Dolan, le film Tangerine de Sean S. Baker, les films de Pedro Almodovar au moins ils sont moins méprisants envers la communauté trans.