Tarzan est passé à côté de la catastrophe

L'été arrive avec sa ribambelle de blockbusters. La 46ème adaptation de l'oeuvre littéraire de Edgar Rice Burroughs, Tarzan fait partie de ce lot estival aux côtés de Tortutes Ninjas 2, Independance Day 2 pour le mois de Juillet.


Réalisé par David Yates (Harry Potter: L'Ordre du Phénix), on retrouve une nouvelle fois sur les écrans les aventures de l'homme de la jungle. Cette fois, les scénaristes du film et le réalisateur ne cherchent pas à raconter les origines de John Clayton, mais veulent donner une suite aux histoires du lord Greystoke "Tarzan". Le scénario s'ancre dans la réalité, dans l'histoire coloniale lié à la conférence de Berlin et le partage de l'Afrique par les empires coloniaux (Royaume-Uni, Belgique, France, Portugal, Espagne). Les deux premiers pays sont ceux qui vont nous intéresser pour le film.


Rentré depuis quelques années, Tarzan est envoyé comme émissaire du Royaume-Uni pour sauvegarder les intérêts britanniques alors que le roi des Belges, Leopold II fait main basse sur les richesses du Congo. Evidemment, un piège est tendu à Tarzan par le méchant Leon Rom qui une fois n'est pas coutume est joué par Christopher Waltz et un chef de guerre local joué par Djimon Hounsou.


L'encrage du film dans la réalité n'est qu'un prétexte pour faire continuer les aventures du Lord. Rien de bien construit, aucun propos sur le colonialisme, sur l'esclavagisme dont se rendait coupable le roi belge pendant cette période. On peut assez aisément regretté que le film n'ait pas pris la voie d'un film plus historique sans garder son côté spectaculaire et "grand public". La présence de George Washington Williams joué par un Samuel L.Jackson dans des airs tarantiniens est louable mais il reste plus un side-kick rigolo qu'un personnage donnant un véritable propos politique au film. On passera aussi sur ce mythe auquel est toujours rattaché Tarzan, celui du "bon sauvage", mythe servant à exotiser, à idéaliser les populations locales en Afrique, au Moyen-Orient. Ces thématiques se sont beaucoup retrouvés dans la littérature du XVIIIème jusqu'à nos jours. Le mythe du bon sauvage se traduit pas que par une idéalisation mais aussi la mise en avant d'une certaine pureté, d'un certain idéal blanc qui se projette sur une autre culture en lui donnant des vertus.


Malgré ces aspects problématiques qui mériteraient d'être analysés largement plus qu'ici, le film s'avère être un divertissement mainstream assez convenu, plaisant à regarder mais facilement oubliable. En allant le voir, je ne m'attendais à rien. Me voilà pas déçu. La 3D est vraiment intéressante à quelques moments (surtout pour la scène d'introduction) et permet de bien d'immerger dans la scène qu'on suit. Esthétiquement, il est très beau. Tout est numérique, la qualité des images de synthèse n'est pas toujours excellente. La réalisation de David Yates fait très bien son travail, Tarzan ne souffre pas trop de surcutage important - même si la production a retouché le film -. Les acteurs/actrices sont corrects et tiennent leur rôle malgré les tarantinesques Waltz et Jackson campant les mêmes rôles.


Le film pêche par bien des aspects, il donne une impression de film inachevé par son réalisateur. Pour comprendre cette sensation, il faut remonter à l'origine du projet qui a vu passer un certain nombre de réalisateur comme Guillermo Del Toro sans compter les déboires financiers du film dépassant le budget initial de 180 millions de dollars. Aussi, David Yates a du quitter le film en cours de route pour réaliser la nouvelle saga Les Animaux Fantastiques de J.K Rowling. . On peut comprendre assez facilement les problèmes que le film peut avoir et les quelques scènes qui ont pu être ajoutés ici et là. Au moins, il passe heureusement à côté de la catastrophe industrielle. Après, est-ce que les résultats au box-office seront au rendez-vous ? Bonne question.


Tarzan de David Yates reste un film correct bien que sa production ait été calamiteuse. Tarzan donne néanmoins plus envie que la plupart des blockbusters à venir pour ce mois de Ju, plaisant à regarder, sans prise de tête mais qui ne marquera pas.

balconenforet
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le 30 juin 2016

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balconenforet

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