Après Collision et le racisme, Paul Haggis s'intéresse à un autre phénomène agitant la société américaine : la guerre en Irak et les ravages sur les jeunes soldats une fois leur retour au pays. Il n'en tire pas un film politique.
Bien qu'il ait pu monter son projet grâce à l'aide de Clint Eastwood à qui il avait écrit Million Dollar Baby et Mémoires de nos pères/Lettres d'Iwo Jima, il n'évoque pas le sujet et pour cause : n'étant pas stupide, il sait ce qu'il en est des fameuses preuves d'armes de destructions massives agitées par le gouvernement Bush. Pas la peine d'en remettre une couche. Il préfère s'intéresser à ce père de famille souhaitant la vérité sur la disparition de son fils. Dans ce domaine, rien n'est pire que de ne rien savoir. Il remuera donc ciel et terre avec l'aide d'une jeune policière obstinée soupçonnant bien vite que l'armée lui cache quelque chose.
Tommy Lee Jones et sa gueule cassée nous sort toute la panoplie du vieil héros de guerre à qui on ne la fait pas : regard fatigué, sourcils froncés, mâchoires serrées. Il doit en plus se battre avec un monde bien éloigné de l'époque qu'il a connu jadis et contre sa propre conscience. Se demandant s'il a bien fait de laisser ses fils marcher sur ses pas pour le résultat que l'on sait.
L'enquête est passionnante et j'ai eu beau dire que Paul Haggis ne faisait pas de politique, il me reste quand même une question : au fond, quand on voit ce bourbier, qu'est ce qu'ils sont allés faire là-bas ?