Darling
6.7
Darling

Film de Christine Carrière (2007)

J'ai beaucoup de sympathie pour Marina Foïs. De ? Oui, c'est lourd. En même temps, je ne peux plus faire un pas sur ce site sans qu'on ne me catalogue comme le mec qui n'aime les actrices que pour leur physique. Alors, pour mettre tout le monde d'accord : les vrais diront Robin des bois, les purs et durs diront Marie-Joëlle. De ? Oui, c'est lourd "les vrais diront". En même temps, le film n'est-il pas balourd lui aussi ?


Darling est un film bien réalisé. Dans la mesure où je pense qu'il convient tout à fait à la vision finale que désirait Christine Carrière. C'est à dire une production qui mélange le style et le drame, fidèle au bouquin que je n'ai par ailleurs par lu. Inspiré d'une histoire vraie nous dit-on à la toute fin, comme pour clore ces années d'extrême galère. Le souci avec Darling, c'est que je ne suis jamais entré dedans. Le film débutait pourtant bien ; on découvrait Marina Foïs derrière le flou d'une vitre, comme pour annoncer la couleur, après cette affiche pleine de liberté, et d'une douleur étrange, aussi. Les plans qui jalonneront le récit seront des partis pris du même acabit, où la caméra ne lâche plus Darling des yeux, où la violence est toujours sous-jacente voir intériorisée. L'utilisation de la voix off est telle qu'elle nous pousse, de toute manière, à contextualiser le récit à longueur de temps, comme un tracé épisodique d'un personnage de fiction.


Le destin de cette femme ne m'a pas touché. La faute au scénario tout d'abord, avec cette succession de personnages caricaturaux, qu'ils soient hommes ou femmes, qui desservent totalement l'emprise que peut avoir Foïs sur la caméra. Un manque total d'empathie caractérisé également par des ellipses incompréhensibles (on zappe l'adolescence, qui est pourtant le nerf de la guerre), par une volonté de vouloir tout styliser et dresser des allégories, métaphores, un peu partout au fil du récit, saupoudrées de coquetteries scénaristiques qui reviennent sans cesse (les camions, la course, les shorts, les lettres de l'alphabet, on a compris je crois). La faute à Marina Foïs, qui brille plus par sa performance totale (grande et belle prestation) que par sa voix off, à mon goût trop déconnectée de ce qu'elle raconte à l'écran. La faute à un casting très inégal, et à une insupportable (j'ose enfin dire ce que tout le monde pense ou presque) Anne Benoit qui joue toujours le même rôle bordel de Dieu. Guillaume Canet pas aidé par son rôle. Même la voix du policier qui annonce la mort n'était pas crédible, c'est dire. La faute à une rupture totale entre une technique atypique de comédie sociale/dramatique et une volonté de raconter un vrai, gros, drame.


Darling laisse un goût étrange dans la bouche, le picotement d'un bonbon acidulé, jusqu'à ce que vous vous rendiez compte que vos potes ont en réalité remplacé le sucre par le sel. C'est effectivement la métaphore la plus catastrophique de toute l'histoire des métaphores, puisque le film ne ressemble pas à un bonbon acidulé et que, de toute manière, personne n'en remplace le sucre pour y mettre du sel. Quand bien même, il faudrait déjà que le bonbon n'ait pas d'emballage, sinon la supercherie est vite révélée. De là à dire super, chérie, tu m'as bien piégé, il y a un pas que je ne franchirai pas, ce pas, justement, papa. Les vrais diront Professeur Rollin, sors de ce corps. Alors, oui, les vrais de vrais diront qu'il ne se prend pas pour de la merde, le petit Evy, avec sa diatribe de CM1. Les vrais, mais cette fois-ci vraiment de vrai, diront qu"il nous casse les couilles avec son "les vrais", définitivement.


Déception accrue pour ce film - et cette critique, dont deux paragraphes sont absolument inutiles - et donc indispensables - comme l'utilisation du triple tiret, fantastique.

EvyNadler
4
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le 8 févr. 2016

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7 j'aime

EvyNadler

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