Grand Prix du Jury du Festival de Cannes en 1997, ces 'Beaux Lendemains' écument les cœurs défraîchis de leur substrat émotif – Lecteur, ces petites scénettes qui prennent vie dans les étendues indomptées du Grand Nord ressemblent à s'y méprendre aux pièces dont seul un Ibsen put enfanter. Atom Egoyan, pair d'un certain Sergei Parajanov, est un enfant de la Terre : né en Egypte de parents arméniens, élevé au Canada, ce troubadour puise ses richesses dans les racines de son vécu – 'Calendar' (1993) est filmé sur le sol même de ses ancêtres.

Egoyan est le germe éclos de cette diversité culturelle qu'il s'efforcera de transposer tout au long de sa carrière, tant au niveau des scenarii, que du choix des acteurs et collaborateurs. Il incarne cette forme d'universalité peu banale au sein d'une industrie cinématographique dont les contours sont formatés à l'extrême – Lecteur, je t'invite à t'égarer dans 'Avatar' pour t'en faire une idée.



Adaptation du roman de Russell Banks, 'De Beaux lendemains' dépeint avant tout une galerie de personnages qui se frictionnent : de l'avocat père de famille en proie aux vicissitudes relationnelles, à l'adolescente farouchement secrète meurtrie dans sa chair, sans oublier les habitants d'une communauté rurale cloitrée – au propre comme au figuré- dans une impermanence morale.

S'agit-il d'une démonstration cinglante de déterminisme cinématographique – l'accident du bus scolaire comme déclencheur – ou simplement une trame rabelaisienne décryptant les triturations psychiques dont l'Homme s'affuble malgré lui ? La réponse est âpre et nébuleuse – Lecteur, le cinéaste trifouille ces parcelles insondables de ton âme, prends garde de ne pas perdre pied !

Tel un voyeur, Egoyan déambule dans un dédale de sentiments : la culpabilité, le pardon, la compassion, la révolte, le doute, la solitude, la détresse [...]
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le 8 nov. 2010

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