Ali est gentil mais des fois il est méchant.
Il a un accent ch'timi et un cœur gros comme ça comme tous les gens du nord, mais des fois il lui arrive de secouer son gosse un peu trop fort en s'énervant comme tous les gens du nord et la tête du gamin elle cogne sur la table..Oups.
Ali il est sympa mais faut pas le faire chier, il aime les sports de combats, draguer les filles en boîte de nuit et taper sa tête très fort dans les sièges de voiture pour se motiver avant de se battre.
Ali, les filles qui ont pas de jambes ça le dérange pas, il voit pas le problème et puis il faut dire que c'est pratique pour certaines positions du kama sutra quand même.
Ça tombe bien parce que Stéphanie elle a plus de jambes.
Stéphanie elle aime bien allumer les mecs en soirée et faire la maline parce qu'elle sait faire bouger la tête des orques du Marine land en rythme...Crâneuse.
Mais quand un des gros cétacé lui bouffe les cuisses en guise de déjeuner elle fait moins la maline Stéphanie.
Du coup elle emprunte les jambes de Robocop et ça va beaucoup mieux pour marcher, en plus elle peut les enlever quand elle veut et les planquer sous le lit pour faire des blagues à Ali, ce qui est plutôt cool.
Bon, trêve de plaisanteries, je me suis un peu lâché sur l'introduction...Peut être par manque d'inspiration pour commencer cette critique ou bien tout simplement par envie de railler certains côtés assez insupportables d'un film qui demeure somme toute plus qu'honorable.
Je m'explique : "De rouille et d'os" est un film bien réalisé, avec une mise en scène maitrisée par un réalisateur confirmé, de bons comédiens qui jouent juste, et un scénario qui tient la route.
L'esthétique du film, à travers la rencontre entre les deux personnages s'avère ainsi très intéressante à analyser.
Ali est un personnage qui vit sans se poser de questions, arborant un côté imprévisible, presque animal. Il incarne une énergie brute, une vitalité débordante, un corps qui agit à l'instinct, dirigé par ses pulsions, ses envies.
Pour schématiser, Ali est une entité purement physique, un corps presque machinal, et ce corps est constamment mis à l'épreuve tout au long du film. Il est éprouvé physiquement, s'épuise, subit des chocs, des traumatismes, prend du plaisir. Ce corps nous est montré comme une entité vivante totalement indépendante d'un quelconque esprit.
Chez Stéphanie, ce corps est réduit puisque amputé de moitié, il apprend à se reconstruire, à retrouver certaines sensations, il se remet à fonctionner au contact du soleil, de l'eau, de la chair, il réapprend à vivre presque instinctivement.
La rencontre de ces corps fait la puissance du film, et d'un point de vue analytique celui ci mérite amplement d'être vu.
Toutefois on ne peut occulter le gros point noir qu'est la multitude de clichés qui y réside. Le choix d'Audiard de lancer le spectateur sur plusieurs intrigues est de ce point de vue plus que discutable. Pourquoi traiter de la question de la lutte entre les patrons et les ouvriers à l'intérieur de ce film ? Quel en est l'intérêt? Les personnages s'y révèlent alors totalement creux, ils s'évaporent dans les métaphores du réalisateur. Façonnés pour appartenir à un univers purement physique, ces corps dénués d'esprit se diluent à l'intérieur des intrigues et des considérations sociales, ils y sont caricaturaux et parfois à la limite du grotesque (le personnage d'Ali notamment qui est assez ahurissant de stupidité) et le film y perd grandement en intérêt.
Comme disait Alfred Hitchcock, il vaut mieux partir du cliché que d'y arriver...
