J’aime les films au ton unique, décalés, qui surprennent en permanence. Ces films fous, où tous les personnages ont une attitude absurde par rapport aux situations. Les films où l’envie de bien faire et l’élan artistique se ressentent à chaque instant.
Je voyage donc souvent au gré des films de genre, des séries B, des nanars et des ofnis comme on dit, et c’est un voyage mouvementé, jonché de déceptions et d’égarements. Même si grâce à SensCritique et à des éclaireurs passionnés, je ne cesse découvrir de merveilleux trésors.


Dellamorte Dellamore ne m’a pas déçu. Déjà, parce que même s’il puise ses inspirations de toute part, allant même jusqu’à singer des tableaux connus, il est si riche de toutes ces sources qu’il en devient un film particulier, avec sa propre personnalité.
Si l’humour est parfois fin, littéraire, il est parfois potache et puérile. Mais ce n’est pas le film qui est grossier, ce sont les personnages, tous plus caricaturaux et stupides les uns que les autres. Et notre protagoniste déambule dans cette foule de dingues, s’enfonçant lui aussi dans la folie de son monde, et le spectateur avec lui… ou au moins, ceux qui voudront bien se laisser prendre par la main, car ce genre de films n’est pas si accessible.


C’est décousu, ça part dans tous les sens, on rit volontiers, mais on se perd aussi, et parfois on devient aussi désabusé que Francesco. Poésie macabre, délires meurtriers, dialogues jubilatoires, tout se mélange dans un smoothie onirique et gluant. Ou soyeux. Les textures, Soavi en raffole. Il les sublime, parvenant à dégoûter dans certaines scènes, à enchanter dans d’autres…
J’aime aussi les films qui ne sont pas timides et vont jusqu’au bout de leur créativité, et c’est le cas ici. Par moments, on est face à une série B très pulp, alors qu’à d’autres, on a l’impression d’admirer une toile, de lire un livre, ou d’assister à une scène de théâtre avec un gros budget de décor. Les effets spéciaux sont très cheap, mais cela ajoute au charme, comme c’est souvent le cas quand la direction artistique est soignée et que l’ambiance fonctionne. La mise en scène et la caméra est aussi folle que le reste, mais ce n’est jamais gratuit : elle s’adapte à ce qu’exprime chaque scène.


Et puis, il y a « elle », sorte d’idéalisation érotisée de la femme, incarnée par une actrice qui a failli me faire saigner du nez à chaque apparition, et qui a réveillé dans mon entrejambe des instincts ataviques (elle m’a fait bien bander, quoi).
Sans oublier bien sûr ce cher Gnaghi, qui aurait pu se contenter d’être le ressort comique de service, mais qui est bien plus que ça, touchant dans son handicap et attachant. GNA !


Le film surprend aussi par son ambiance toujours calme, alors que paradoxalement ça n’arrête pas de dézinguer à tout va. En fait, bizarrement, les morts-vivants sont à la fois l’essence du film, tout en étant un peu secondaires, comme si ce n’était pas vraiment ça l’important dans ce qu’on est en train de voir.
Une œuvre à part, qui ne ressemble à ses semblables que de loin, et qui m’a ravi par sa folie, sa sincère intention de divertir, et tous ses degrés de lecture possibles.


Pour conclure, je dirais simplement… Gna.

Veather
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le 1 juin 2020

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Veather

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