Suite d'un film d'animation sorti dans l'année (Seoul Station aussi signé Yeon Sang-ho), Dernier train pour Busan vaut par lui-même quoiqu'il arrive, mais certainement pas pour son originalité ou une affiliation spécifique. Qu'il vienne de Corée ne l'empêche pas d'avoir un type plutôt américain. Il s'ajoute à la liste de films de zombies dans la foulée de Walking Dead, par opposition aux archaïques de Romero ou à ceux trop punk et bisseux des années 1980. Comme World War Z c'est un des rares blockbuster (ou à avoir cette ampleur) dans le registre.


Et dans celui-ci il y a deux points essentiels : avoir les moyens de ses ambitions et, plus important encore, générer des émotions fortes, garder toujours une haute intensité. Selon ces critères Busan est une franche réussite. L'offensive est rapidement lancée, après une installation axée sur les besoins et préoccupations primaires, fussent-ils socialisés ou cravatés. Le film reste toujours très nerveux, sacrifie au fur et à mesure ses personnages. Il y aura même des pluies de zombies sans avoir à négocier le réalisme. Certains détails pourraient sembler limite mais la situation est exceptionnelle pour les personnages, le spectateur est habilement remué, aussi ces angles morts sont à relativiser pour de multiples raisons 'reptiliennes'.


Le récit est conventionnel mais multiple, évite la ligne droite tout en restant autour des mêmes rails vers Busan. La remontée du wagon pendant une partie du film rappelle Snowpiercer et le sous-texte politique récurrent dans le genre est assimilé, avec une tendance à glisser vers le pragmatisme amer, corrigé par une morale rude et compassionnelle (quand c'est possible), de style 'écologie humaine'. Les clichés du genre sont au rendez-vous (toujours de ces braves venant à se sacrifier ; un égoïste radical ; des meutes perdant tout contrôle même dans les occasions de 'détente'). Le tandem principal est formé par un père homme d'affaires et sa fille, enfin prêts à partager un moment ensemble. L'éludé est encore plus significatif : hormis cette petite Soo-ahn, pas d'enfants à bord.


La simplicité du film lui profite ; toujours droit à l'essentiel, évitant le surlignage et le sentimentalisme débridé, comme les fantaisies. Il ignore la tentation des 'thèses' ou des réclamations, qui a su casser les meilleurs élans (la phase militaire abaissant 28 jours plus tard est emblématique, mais loin des monstrueuses descentes de Walking Dead passé la saison 5). À la place il introduit sur grand écran des créatures aux allures de possédés. Le plus mémorable (même si moins saisissant que les carnages ou stressant que les duperies de zombies) est cette courte séquence, vers la fin, d'accompagnement d'un contaminé dans sa transition ; un champ à creuser, exploré par la romance Warm Bodies à sa façon. Ce train pour Busan a préféré la démonstration à l'aventure, le résultat lui donne raison, surtout lorsqu'il tire vers le martial apocalyptique (avec à l'appui sa musique brutale et stridente). Ce sera un exemple aimable et recommandable dans le genre, mais une étape secondaire.


https://zogarok.wordpress.com/2016/12/13/dernier-train-pour-busan/

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le 12 déc. 2016

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Zogarok

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