Film tautologique qui vise à choquer avec un sujet choc et en rajoute encore par le biais d’une mise en scène faussement radicale, mais aux effets recherchés trop voyants. Ah la belle affaire : l’homme (ici personnifié par une bande de lycéens aussi insipides qu’interchangeables) est un barbare. Le mexicain Michel Franco s’emploie a dérouler son dispositif laborieux qui amène au harcèlement subi par Alejandra, récemment emménagée à Mexico avec son père cuisinier. Il y aurait déjà beaucoup à commenter le choix d’une victime qui vient de perdre sa mère (la Lucia du titre) comme si le traumatisme portait en lui les germes de l’ostracisme violent et stupide à venir, voire le légitimait. Mais le tout repose hélas sur une supercherie intellectuelle qui laisse accroire que le personnage central est la lycéenne en proie au rejet unanime de sa classe alors qu’en fait il est celui du père. La preuve en étant qu’il ouvre et clôt le long-métrage. Le prologue est probablement la séquence la plus réussie tant elle parvient à installer en quelques plans un climat malsain et anxiogène, lourd des dérèglements à venir. On peut d’ailleurs avancer à cet effet que les scènes récurrentes à l’intérieur des voitures ponctuent avec efficacité la narration en la chargeant de tension. L’épilogue, et plus globalement la dernière partie, pose un autre problème. Sans le révéler davantage, il met à jour de manière gênante l’absence de point de vue, délaissant l’exposition qui précédait pour un revirement incongru. Au final, le film s’avère un cocktail pas très réussi entre le cinéma de Michaël Haneke (pour ce qui est de montrer le mal et la violence à l’œuvre, mais le traitement n’a ici rien de novateur) et celui du nouveau courant mexicain. Le parti pris de radicalité (ambiances froides et cliniques, ellipses et dialogues réduits) est celui qu’on a l’habitude de voir chez Carlos Reygadas notamment. En conclusion, ce petit film à l’audace limitée et à la mise en scène artificielle et donc très convenue ne dérange jamais. Pire, il ennuie jusqu’à provoquer une mauvaise impression où la manipulation rejoint le nauséabond.
PatrickBraganti
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le 4 oct. 2012

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