Série B italienne tout à fait honnête quoique beaucoup trop prétentieuse, Deux salopards en enfer présente un intérêt uniquement pour les fans de Klaus Kinski. Pour les autres, sauf à être adepte de l'autoflagellation, ce film peut être laissé là où il est, c'est-à-dire dans l'oubli.
Nous voici donc plongés en Italie, en 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale. Pour une fois, Klaus Kinski ne joue pas un SS mais Brian Haskins, un soldat américain, et mal lui en a pris puisqu'à la suite d'un viol, le voici condamné à être fusillé avec un autre soldat, Calvin Mallory (joué par un Ray Saunders plutôt au niveau).
Ces deux bonhommes sont bien partis pour quitter ce monde, mais c'était sans compter sur le commandement très scolaire de l’officier débutant Michael Sheppard (George Hilton complètement inexpressif). Ce dernier décide qu'on doit appliquer strictement le règlement militaire en chargeant une balle à blanc dans l'un des fusils du peloton d'exécution. Moralité, le temps que l'équipe en charge de l'exécution recharge ses fusils, des nazis débarquent et exterminent l'intégralité de la troupe américaine.
Les deux condamnés à mort réussissent à s'enfuir et doivent se coltiner l'officier Sheppard qui a réussi "à fuir grâce à sa lâcheté".
Ce trio infernal de types aussi pourris les uns que les autres est sûrement la seule réussite de ce film. On sent très bien la tension entre ces trois hommes, qui n'ont aucune confiance les uns envers les autres et sont prêts à s'entretuer à chaque instant.
Les trois soldats américains finissent par arriver dans un village italien très pieu où ils décident de rester pour défendre les habitants. Cet aspect du scénario n'est d'ailleurs pas sans nous rappeler Les Sept Mercenaires de John Sturges ou Les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa, qui décident eux aussi de prendre la défense de villageois sans défense.
La musique est assez inspirée et permet de bien s'imprégner de la piété de ce bout perdu d'Italie.
La comparaison avec John Sturges ou Akira Kurosawa s'arrête là puisqu'on est très loin du niveau technique dans la réalisation de ces deux maîtres, et à mille lieu de leur finesse d'écriture. Ici, les scènes d'action sont très brouillonnes et les messages soit disant philosophiques sont extrêmement lourdingues (la citation de la Genèse au début du film est totalement catastrophique).
Idem s'agissant de la dimension initiatique de l'aventure de l'officier Sheppard, qui nous vaut un flashback bien mal maîtrisé en toute fin de film pour nous marteler que ce crétin a fini par avoir une vision un peu moins manichéenne de la réalité.
Bref, une série B qui essaie de dépasser son statut de film anecdotique avec de très gros sabots et finit par réellement exaspérer.