Sans faire de généralité et sans vouloir juger la production de thrillers cinématographiques nationale, nous avouerons tout de même que la plus part de ceux-ci ne nous ont pas laissé un souvenir impérissable. Histoire peu convaincante, mauvaise copie de films américains, acteurs à mi-temps, mise-en-scène maladroite, et, surtout, une immersion dans le récit comparable à celle que l’on peut avoir devant un documentaire de Chasse et Pêche.


Mais ça, c’était avant… le Miracle! Avec un pitch mystérieux et alléchant, Diamant Noir avait déjà réussi à nous faire oublier son origine, et même si la réserve reste la meilleure alliée c’est le cœur un peu plus léger que nous sommes aller enquêter.


Sans parler d’un scénario à rebondissements truffé de twists hallucinants, l’écriture du film reste bonne et cohérente, sachant conduire le récit avec un début, un milieu et une fin. Pour un thriller on n’en attend pas moins, et d’ailleurs pour que ce genre de film soit bon, on n’en attend pas forcément plus non plus. Et c’est là que Diamant Noir marque tous ses points. Véritable film d’ambiance, ces une heure cinquante-cinq révèlent une atmosphère anxiogène qui contamine chaque seconde et qui vous poursuivra jusqu’au chemin de la maison (où vous mangerez de bonnes pâtes pour dissiper tout ça. Si les symptômes persistent, ce qui a de grandes chances d’arriver, n’hésitez pas à sortir l’artillerie lourde et mettez-vous devant Violetta). Comme chez Hitchcock, c’est à la seule force du détail et de la mise-en-scène que le suspens, mais surtout le stresse, s’empare du spectateur pour ne plus le quitter un seul instant.


Et comme qui dit ambiance dit forme, la beauté du film n’est pas (du tout tout) en reste. Avec une esthétique qui ouvre les portes du paradis, un traitement des cadres, de la couleur et des lumières qui transforme les scènes en tableau rubrique chef d’oeuvre; la célébration des arts, et plus particulièrement ceux du théâtre et de la peinture, est d’une jouissance extrême pour la pupille et le cœur. Grâce à une dynamique et un équilibre rythmique plus que maîtrisés via une caméra tantôt fixe, tantôt agitée, travellinguant aussi parfaitement qu’intelligemment, le spectateur fait plus que rentrer dans l’histoire, il pénètre littéralement le film. Les points de vue multiples qu’adopte cette caméra humilie le concept de lunettes 3D et fait du public un acteur-observateur de cette tragédie noire tout en servant l’un de ses leitmotiv : l’œil.


La question de la vérité et ainsi celle de voir, de croire ou pas ce que l’on voit ou ce que l’on n’a pas vu (Saint Thomas si tu nous entend) est l’essence même du récit, du film, mais aussi de ce qui a régit la vie du personnage principal. Au travers de cette interrogation les sujets du tabou, de l’héritage et de la famille sont finement abordés et magistralement interprétés par une dream team d’acteurs. Chacun, en commençant par Niels Schneider, dégage une sorte de magnétisme extraordinaire, réussissant ce pari fou d’être plus que bon dans un thriller français. Crédible comme votre boulangère qui jouerait son propre rôle, les comédiens ne tombent jamais dans le piège du sur-jeu et de la caricature, sachant faire exister l’histoire de cette triste famille endiamantée comme si c’était vrai.


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Bizard_Bizard
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le 10 juin 2016

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