Vingt ans après Un Amour De Swann, le retour de Schlondorff en France est à la fois extrêmement low-key et incroyablement mégalomane : dans l'intimité d'une chambre d'hôtel où se réfugie en août 44 un général allemand en débâcle, il s'agit ni plus ni moins de mettre en scène la nuit de débat entre celui-ci (Niels Arestrup) et un consul suédois (André Dussolier) chargé de le persuader de ne par exécuter l'ultime ordre désespéré du Fuhrer, détruire Paris. Heureusement pour Paris, et pour nous spectateurs, le consul est plutôt convaincant, et son opération de fléchissement d'un haut-officier obtus se déroule avec subtilité et intelligence. La qualité du dialogue, voilà peu ou prou tout ce qu'il faut mettre au crédit de Diplomatie (et donc surtout de l'auteur de la pièce dont il est tiré, Cyril Gély) tant le film repose tout entier sur la mécanique bien huilée de son huis-clos rhétorique : un procédé minimal mais impeccablement maîtrisé par Schlondorff. Tout juste le résultat, comparé par exemple à la Vénus récente de Polanski qui appliquait un dispositif similaire, souffre-t-il d'un léger défaut d'ambiguité et de tension, tant ses enjeux, sa trame et son issue sont limpides et quelque peu trop transparentes. Mais il y a dans cette manière de réécrire l'Histoire en drame de chambre une croyance délicieusement anachronique dans le pouvoir du langage, un amour authentique de la confrontation théâtrale "à l'ancienne" : les répliques fusent avec évidence, les acteurs brillent avec aisance, et Paris ne brûlera pas cette nuit. Tout va bien, rideau.