La chute de Will Smith dans un Hollywood de bas étage

Autant dire d’emblée que ce cher Will Smith s’est pris une véritable claque ! Et pour cause, lui, qui était encore l’un des rares comédiens à user du star systemà son avantage (il suffisait de son nom pour attirer les foules), vient de chuter après quelques déceptions majeures. Si le succès en demi-teinte de Men in Black 3 peut être vu comme un début à cette déchéance, c’est surtout le lynchage médiatique et critique d’After Earth qui lui a été fatal. Depuis, le bonhomme ne semble plus savoir quoi faire de sa carrière (arrêter les blockbusters pour le cinéma indépendant ? partager l’affiche avec d’autres au point d’atterrir en plein milieu de Suicide Squad ?), au point de participer à des projets typiquement hollywoodiens. À savoir bling bling, n’ayant rien d’autre à proposer que des comédiens connus au service d’une intrigue sans saveur et peu originale. Comme ce fut le cas en 2015 avec Diversion, un long-métrage regardable mais vite oubliable.


Pourtant, de la part du duo de réalisateurs Glenn Ficarra/John Requa (I Love You Phillip Morris et Crazy, Stupid, Love, ainsi que scénaristes de Comme Chiens et Chats et de Bad Santa), on pouvait s’attendre à un petit brin de folie à défaut d’avoir quelque chose de sensationnel. Bref, le genre de divertissement qui parvienne à faire passer le temps, quoi ! Malheureusement, Diversion n’est pas de ce calibre. Il s’agit ni plus ni moins d’une comédie romantique banale qui prend comme base scénaristique la rencontre entre deux escrocs, l’un expert l’autre amateur (ou plutôt amatrice), et qui vont connaître une histoire d’amour des plus simplistes et prévisibles que le cinéma nous ait livré en plusieurs décennies d’existence. Commencer la critique de cette manière peut faire croire que Diversion est une daube sans âme. Mais il faut bien reconnaître que le film parvient à captiver un chouïa l’attention.


Du moins dans sa première partie. En effet, alors que la fameuse romance pointe le bout de son nez à des kilomètres à la ronde, le scénario préfère se pencher sur les arnaques et autres coups de théâtre des protagonistes pour amuser. Ainsi, voir Will Smith donner des leçons de « pickpocket » à Margot Robbie (la révélation du Loup de Wall Street) tout en lui réservant le grand jeu (la séquence du match de football américain), voir cette dernière s’exercer avec talent parmi la foule, plonger dans l’envers du décor de ces filous… le tout montré avec une certaine énergie (un montage plutôt bien rythmé) et une ambiance qui envoie (d’assez bonnes musiques venant accompagner l’ensemble) ; nous ne pouvons que nous laisser prendre au jeu ! Car si cela ne transpire pas l’originalité ni le sensationnel, il y a matière à faire sourire le spectateur et pourquoi pas l’émerveiller quelques secondes par ses diverses truanderies. Cependant, le soufflet se dégonfle très vite quand Diversion entre dans sa seconde partie, à savoir les « retrouvailles » entre nos deux héros.


Là, vous pouvez dire adieu à la sympathie qui se dégageait du projet. À cette envie d’amuser la galerie avec un minimum de ressources. Dès ce moment, Diversion devient une comédie romantique lourdingue qui se prend au sérieux et durant laquelle il ne se passe rien, si ce n’est les personnages principaux tentant de se remettre ensemble tout en se mettant des bâtons dans les roues (étant tous les deux sur le même coup, cette fois-ci en tant que rivaux). Le film vire aussitôt dans l’ennui le plus total, enchaînant séquences à l’eau de rose et retournements de situations grotesques. Ne se contentant pour le coup que de son couple star et du faste de ces décors, filmés sans aucune saveur. Comme s’il ne savait plus comment faire pour nous en mettre plein les yeux ! Même les musiques perdent en cours de route leur panache, c’est pour dire ! Navrant…


Et si vous voulez avoir une idée de ce qui vous attend dans ce long-métrage mitigé, il suffit de regarder son casting. Pas folichon pour un sou, alternant seconds rôles peu marquants (Rodrigo Santoro) ou alors assez enthousiasmants (Adrian Martinez, B.D. Wong). Même constat pour les deux têtes d’affiche, plutôt partagé. D’un côté, nous avons un Will Smith totalement perdu depuis After Earth, nous resservant une nouvelle fois un jeu d’acteur désintéressé et peu crédible. De l’autre une Margot Robbie, certes pas exceptionnelle, mais ayant suffisamment d’énergie et de charme pour que l’on s’attache facilement à elle. Formant ainsi un couple qui ne procure aucune étincelle (ou à moitié pour le coup). Bon, nous sommes encore bien loin de la débâcle de Cinquante Nuances de Grey de ce point de vue là, mais de la part d’une comédie romantique, avoir un duo amoureux ne fonctionnant pas vraiment, c’est d’emblée foncer dans le mur !


S’il saura amuser lors de sa première partie, Diversion finira très vite dans l’oublie une fois passé la moitié de son visionnage. Rappelant avec effroi que Will Smith, grand acteur et puissante star hollywoodienne, vient de tomber à son tour dans les méandres du cinéma commercial. Prêt à accepter tout et n’importe quoi afin de subsister et d’agrandir sa filmographie. Fort heureusement, nous ne sommes pas encore arrivés au stade de le voir se noyer dans la série B de pacotille (à l’instar de Nicolas Cage et de Bruce Willis). Mais nous espérons de tout cœur que le bonhomme se réveille, se reprenne en mains pour oublier l’échec d’After Earth, et retrouve des projets à sa hauteur. Peut-être que Suicide Squad, arrivant sur nos écrans en août 2016, lui sera bénéfique…

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le 30 juin 2016

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