Bien que plutôt divertissant, Django Unchained s'inscrit mal dans la filmographie de Tarantino, qui semble sur une pente de plus en plus glissante…
Avec une narration tout ce qu'il y a de plus linéaire (sur 2h45, on s'ennuit parfois), ultra-prévisible (bien peu de surprises jusqu'à la fin du film malheureusement), et truffé d'incohérences*, Django pêche d'abord par son scénario. Le film s'évertue vainement à faire monter une tension inexistante qui doit nous mener à un finale d'anthologie qui fait flop… On avait été habitué à plus de fantaisies de la part du réalisateur.
D'autant plus pour un film qui se réclame être un hommage des plus appuyés aux westerns spaghettis. Western bien peu présent d'ailleurs (les plantations de coton ça vend beaucoup moins de rêve qu'un saloon), à part peut-être les chapeaux… Les scènes de colt, face à des bad guys bien peu charismatiques, se résumant à "Indiana Jones vs le type au sabre + Ketchupi" (avec une variation "Scarface + Ketchupi" pour le final).
Le sampling / hommage de Tarantino (même s'il est présent) n'a pas autant d'impact que dans ses précédents films et nous laisse face à un film bien plat qui se repose à outrance sur des gags, trop nombreux et grossiers, pour noyer le poisson…
En fait, ce qui me déçoit le plus c'est que le film est trop lisse, on perd beaucoup des ingrédients qui faisaient le charme du cinéma Tarantinien. Où sont les femmes ? Kerry Washington ne fait le poids face à AUCUNE des filles que Quentin a dirigé dans sa carrière (seconds rôles inclus), sans parler de Laura Cayouette, inexistante. Où sont les obsessions qu'on retrouvait amusé à chacun de ses films ? Où sont les dialogues sans fin qu'on adorait ? Seul la scène des cagoules peut prétendre au titre, et encore… elle est tellement mal amenée que je me suis demandé si ce n'était pas une erreur de projection.
La bande-son aussi est décevante… Les titres de Morricone et de Luis Bacalov sont très faciles et même hyper-attendus dans ce contexte, mais ils essaient honorablement de participer à cette ambiance spaghetti qu'on a quand même perdu en cours de route. Par contre, le morceau de Rick Ross passe très très mal et rend la scène absolument burlesque, limite ridicule. Quitte à assumer le truc, autant balancer du Soulja Boy ! Le son de Tupac & James Brown s'insère un peu mieux dans l'action mais l'ensemble est plutôt anecdotique, ça manque quand même d'un titre fort.
Reste le casting qui s'annonçait plutôt alléchant sur le papier.
Si je ne peux pas vraiment dire que j'ai été déçu de ce côté là, j'émettrais quand même quelques réserves.
Parlons d'abord de Jamie Foxx, auquel Quentin Tarantino a l'air de vouer un culte tant le film est une déclaration de swag à sa gloire : t'as vu j'ai la classe même torse nu avec une coupe hirsute, t'as vu j'ai la classe même en costume de valet ridicule, t'as vu j'ai VRAIMENT la classe avec mon petit chapeau ajusté et mes lunettes de soleil… En fait non, Jamie n'a pas vraiment le charisme d'une grande star qui peut se la jouer "like a boss", et on le plaint plus qu'autre chose avec son air de mec à fleur de peau qui va craquer d'une seconde à l'autre. Même s'il reste plaisant à voir jouer, la recette "Christoph Waltz a.k.a. le plus grand polyglotte du Monde" nous a fait pardonner bien des travers à Inglorious Basterds, mais pas sûr que ça marche à chaque fois… Sinon, Samuel Jackson est une caricature vieille de son rôle dans Jackie Brown. Dicaprio est ok, mais j'ai pas trop aimé le plan sur ses chicots, histoire de dire "Attendez les gars, moi aussi j'ai la classe même avec les dents pourris !". Don Johnson, Franco Nero & Jonah Hill ne sont pas trop mal et chacun plutôt amusants. Le caméo de Tarantino est le plus nul de sa carrière. Le reste du crew est vite oublié.
Bref, beaucoup de points noirs qui traduisent une vraie déception de ma part. Mais ça reste un film pop-corn à regarder le dimanche après-midi avec les copains. Pas de quoi rameuter le club des cinéphiles du quartier malheureusement…
*SPOIL : Le couple Django - Broomhilda a exactement la même marque au même endroit sur le visage mais pourtant PERSONNE ne le remarque, pas même ce rusé Stephen !
P.S : Encore une fois, est-ce quelqu'un peut m'expliquer pourquoi James Remar a-t-il DEUX rôles sans aucun rapport ? Parce que ça m'a vraiment perturbé pendant le visionnage !