Django Unchained par XavierChan
Du générique d'intro aux gros caractères rouges à l'épatante dance finale à cheval pleine de classe, Django est ressuscité.
Un amour absolu de cinéma jubilatoire, euphorisant, stylé, cruel et magnifique. L'un des films les plus durs et critiques sur l'esclavagisme noir dans le sud des Etats-Unis, deux ans avant que les Etats Unis n'explosent dans une guerre civile, étonnant quand on sait qu'il a été fait par un "blanc".
Plus blaxploitation que Jackie Brown, définitivement plus italien que Kill Bill vol.2, ici grand hommage au western des grandes plaines américaines et de l'ultra-violence sadique du western italien suintant et boueux. Les clins d'oeil à Django de Corbucci sont assez peu nombreux -de superbes thèmes musicaux repris aux bons moments et le nom du personnage, on évite d'ailleurs l'écueil du trop-plein de boue, du cercueil et de la sulfateuse. Seul le caméo de Franco Nero en négrier italien paraît douteux.
Un immense moment de cinéma doté d'interprètes inoubliables, dont un Leonardo DiCaprio qui y trouve, probablement, son plus beau rôle de crevure. Christophe Waltz est sublime, Jamie Fox muet mais tout de rage contenue, les seconds rôles dont un abominable Samuel L. Jackson métamorphosé participent aux climax de fin où poussière et sang s'entremêlent dans un pur délire explosif régressif et, surtout, jouissif. Tarantino atteint un point de rigueur épatant dans le montage, le rythme, la précision des cadrages et l'alliance de la musique pour former un pur prisme narratif dont il est difficile de décrocher.
Après un Inglorious Basterds passionnant mais trop bavard et bourré de défauts, Django Unchained s'avère être la belle et cruelle odyssée américaine qu'il manquait. Les frères Coen ont dépoussiéré le western avec No Country for Old Men en le plaçant dans un cadre contemporain, Tarantino le ressuscite tout en le laissant à sa place. Quoi de plus bel hommage?
Il y aura ceci dit les blasés habituels de Tarantino pour venir critiquer ouvertement le film. Ceux qui refusent tout simplement le bonheur, donc.