Cool attitude et gunfights violents, pour un Tarantino plus mature et plus engagé que jamais.
Quentin Tarantino. Un mythe à lui seul dont la moindre nouvelle livraison excite, des mois à l’avance, tous les cinéphiles à travers le monde. En 20 ans de carrière, et finalement peu de films (c’est son 8ème long), il a réussi à rentrer dans le cercle des réals (et auteur en prime) les plus convoités du monde. Pourtant son cinéma n’est à proprement dit pas très grand public : un cinéma ultra-référencé, irrévérencieux, violent et souvent polémique. Avec son dernier « Inglorious Basterds » il livrait néanmoins son film le plus accessible (c’est son plus gros carton au Box-Office) mais certainement pas son meilleur (trop irrégulier en termes de qualité malgré quelques très bonnes séquences). On se demandait donc quel virage prendrait la carrière du bonhomme après ce succès en salle qui a pourtant déçu quelques fans. Voilà donc qu’il s’attaque à un genre qui lui est cher (et qu’il avait un peu éprouvé dans « Kill Bill II ») : le western (tendance spaghetti principalement). Sacré programme en perspective donc.
Comme dans chacun de ses films, QT soigne son intro et donne le ton d’entrée : du badass et de la coolitude à revendre servis avec des lignes de dialogues taillées à la perfection. On y est. Sauf que contrairement à son précédent film, le rythme ne faiblira jamais pendant les 2h45 que dure l’ouvrage. Mieux ; jamais un film de QT n’aura été si accessible et en même temps si taillé pour les fans du maître. Un paradoxe sûrement dû au fait que le film est de loin son plus mature, s’autorisant même une dimension politique inédite, et traitant de lourds thèmes sans jamais les éviter.
Mais qu’on se rassure, son cinéma est toujours aussi fou et sa grammaire si caractéristique est au rendez-vous : ultra violence, bande son de choix mêlant des morceaux vintage aux musiques hip-hop anachroniques. Finalement la nouveauté est la linéarité du script ; il met cette fois de côté son montage torturé pour livrer son récit dans l’ordre chronologique. En sort une épopée unique et puissante dominée en premier lieu par l'épatant Christoph Waltz, et par le d'abord effacé Jamie Foxx qui va peu à peu s'épanouir et crever l'écran dans un final apocalyptique, violent, badass à souhait... Orgasmique. Une écriture soignée, un film complet, un vrai pur moment de cinéma tout en CinémaScope et images sublimes de 35mm sans aucun artifice numérique. Une pépite qui redonne des couleurs à un cinéma souvent morose en ce moment.
On ne va pas passer par 4 chemins ; on appelle ça un chef d'œuvre.