Sous l'air d'Ennio Morricone et James Brown, le doux dingue Tarantino se met au western spaghetti et autant dire qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère : violent, hilarant, bouleversant, ce Django Unchained enchaîne les scènes chocs, délivrant un véritable uppercut au spectateur. Jouissif !

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz (Christoph Waltz), un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django (Jamie Foxx), un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver sa femme Broomhilda (Kerry Washington)....

Après le film d'art-martiaux, le film grindhouse ou encore le film de guerre, Quentin Tarantino décide de remettre à sa sauce...épicé, le western spaghetti. Pas frileux de nature, le cinéphage cinéaste place l'action de Django Unchained dans une période tourmentée de l'histoire américaine : celle de l'esclavage. Sujet fort et toujours tabou outre-Atlantique, comme nous l'ont montré les diverses polémiques entourant le long métrage, Tarantino ne se laisse pourtant pas démonter, livrant des images dures, parfois insoutenables de sévices infligés aux "niggers".
Doté d'un style visuel ébouriffant et de dialogues bien ciselés, Django Unchained convoque le meilleur des précédentes oeuvres du réalisateur : du déferlement d'hémoglobine à la Kill Bill, des longues conversations filmées en plan séquence à la Boulevard de la mort en passant par le personnage de héros cool à la Pulp Fiction. Ce savoureux pot pourri apporte au film sont lot de scènes décomplexées et jubilatoire. On s'étonne de la tournure comique que prend la chevauchée du Ku Klux Klan, on se délecte de la scène finale explosive et l'on se régale du caméo de Tarantino.

Comme à son habitude, Quentin Tarantino réserve une place de choix à la bande originale. Entre partitions d'Ennio Morricone et morceaux soul, la musique fait passer Django Unchained d'un western typique à un classique de la blacksploitation en seulement quelques notes, contribuant énormément au sentiment d'exaltation qui nous transporte. Les comédiens y sont également pour quelque chose.

Après une direction d'acteurs mitigés dans Inglorious Basterds, Tarantino s'est ressaisi pour tirer toute sa troupe vers l'excellence. Jamie Foxx apporte toute sa classe et sa cool attitude à cet esclave affranchi, tandis que Christoph Waltz est parfait en chasseur de primes érudit et pince sans rire. Les seconds couteaux sont tout aussi à l'aise, mention spéciale à Don Johnson en propriétaire suprématiste et à Samuel L.Jackson en vieux serviteur ayant choisi le camps des blancs. Mais le plus surprenant est sans aucun doute Leonardo DiCaprio qui interprète pour la première fois un vrai méchant. L'acteur est détestable à souhait en Caligula de l'Ouest trouvant son plaisir dans les combats à mort d'esclaves. Tout simplement bluffant

Du cinéma comme on l'aime, Django Unchained dégaine les actes de bravoures scotchant le spectateur pendant 2h45. Distillant des références à son propre univers, Tarantino a trouvé dans le western, un terrain de jeu parfait pour ses obsessions de violence et de vengeance.
claudie_faucand
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le 31 janv. 2013

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claudie_faucand

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