Cette adaptation du roman de Stephen King, Doctor Sleep, racontant la vie d'adulte du personnage de Danny Torrance qui déambulait jadis dans les couloirs sans fin de l'Overlook Hotel, me laisse perplexe. D'un côté, on ne peut que respecter l'immense challenge relevé ici par Mike Flanagan, réalisateur de l'effrayante série The Haunting of Hill House, pour avoir su honorer le roman tout en suivant l'empreinte visuelle laissée par Stanley Kubrick il y a maintenant 39 ans. Mais d'un autre côté, l'adaptation cinématographique de cette oeuvre littéraire, bien que dense et pleine de détails, se veut longue et bien moins saisissante que l'oeuvre d'origine. Ici, pas de huis clos étouffant ni de plongée horrifique dans la folie mais plutôt une histoire fantastique centrée sur l'énergie du "shining". Le scénario éclaté prend beaucoup de temps avant de réunir les trois personnages principaux et de rentrer dans le vif du sujet. Personnellement, j'ai eu du mal à accrocher, que ce soit avec les personnages ou avec l'histoire. Certes, on reconnait la veine étrange et un peu tirée par les cheveux de Stephen King mais on oublie l'aspect psychologique qu'a apporté Stanley Kubrick. C'est déstabilisant car bien moins marquant et flippant et en cela, je pense qu'il est nécessaire de voir Doctor Sleep comme un film à part entière et non pas comme un prequel. Sinon, vous risquez d'être déçu. Néanmoins, ceux qui s'attendaient à renouer avec l'atmosphère de Kubrick seront servis par une superbe bande originale à donner des frissons (merci The Newton Brothers), de nombreux clins d'oeil à l'oeuvre de 1980 et par un final spectral iconique à faire réveiller les morts ! Pour ma part, l'hommage ludique dans Ready Player One m'a fait plus d'effets mais ça reste tout de même un sacré tour de force ! Le pari de cette adaptation est audacieux et mérite le coup d'oeil pour l'évolution du personnage principal mais à mon humble avis, Doctor Sleep restera dans l'ombre du chef-d'oeuvre.