Ce qui heurte au visionnage de Dog Soldiers c’est la noirceur grand-guignolesque qui trouve, de la manière la plus curieuse qui soit, son équilibre. La lycanthropie est abordée sous l’ange de l’évolution humaine naturelle contre laquelle il ne faut pas chercher à résister, ultime étape qui reconnaît la barbarie et la prédation inhérente au genre humain. Il est curieux d’observer les monstres attaquer alors que le soleil brille encore ou influencer les ellipses de sorte à réduire la durée d’une journée à quelques minutes à l’écran. Grossièreté apparente qui pourtant confère au métrage une impression de malédiction, de fatalité nocturne. Le loup-garou aussitôt abattu se relève, fonce dans des flashs hallucinés le temps de quelques secondes – fulgurances traduites par le montage –, décime le régiment de frères réfugiés dans la maison comme métaphore de la famille ; le dernier bastion de résistance a cédé, voici venir la nuit de l’homme, son extinction. Le final tempère légèrement cette tonalité pessimiste puisque le résistant part avec le chien, deux naufragés à la dérive dans un monde qui ne veut pas d’eux. D’où le titre. Restent un homme et son chien, seule structure viable qui fait toutefois peser sur la clausule une marque quelque peu déplaisante : où est la frontière entre humanité et bestialité ? Thématique chère à Neil Marshall puisque The Descent y fonde son identité. Quelques longueurs, des lourdeurs dans la représentation militaire tout comme dans la mise en scène des monstres, des dialogues pompeux et démonstratifs. Demeure une œuvre insaisissable dans laquelle on ne se lasse pas de se perdre, au risque de ne jamais en ressortir.