Une banlieue coupée du monde, la possibilité d'une île rongée par le fer et l'oubli. C'est dans ce mirage urbain que vivote Marcello, le toiletteur pour chiens. Un homme seul ou presque, au physique ingrat et au caractère faible. Marcello c'est le dernier de la bande, le suiveur, le pt'it mec que l'on connaît tous, celui qui rend service et que l'on choisit en dernier pour disputer une partie de foot. Mais Marcello a un coeur et dans ce coeur bat un amour immodéré pour le genre canin. Marcello a aussi un souci, un souci humain en la présence de son ami d'enfance Simon qui n'use que de ses poings pour arriver à ses fins.


Dogman c'est une galerie de gueules cassées, mis au ban de l'humanité. Les coups bas pleuvent et l'amour a déserté ces gens sans avenir. Il reste un peu brin d'amour dans les gestes de Marcello qui bichonne nos plus fidèles compagnons, un échappatoire temporaire. Car la tempête gronde. On sait que cet être d'apparence fragile sera bientôt balayé par la folie de Simon, que la fatalité a déjà pris rendez-vous.
Matteo Garonne fait étalage d'une mise en scène brut, sans compromis, ses personnages sont aussi écorchés que les bâtiments environnants. La direction d'acteur est époustouflante et le prix d'interprétation à Cannes n'en que plus mérité pour Marcello Fonte. Mais on obtient pas ce genre de récompense sans être bien accompagné et Edoardo Pesce est un Gargantua d'agressivité.


Le scénario est simple, sans chichis bien que les ficelles apparaissent rapidement. Dans la seconde moitié du film s'opère une césure


Marcello va en prison pour couvrir les fautes de Simon et se retrouve rejeter de tous à son retour


qui délaisse le coté "chien" de l'oeuvre pour souligner le changement d'esprit de Marcello et sa relation avec Simon. La fin est attendue, tendue mais s'éternise.


Dogman avait sa place à Cannes 2018. Un néo-réalisme du XXIème siècle dans une Italie fracturée ou le promeneur pour chiens erre sans but.

Wynner92
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le 11 juil. 2018

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Wynner92

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