En apnée dans les souffrances d'un artiste

On plonge ici en apnée, avec le réalisateur lui-même, dans une crise dépressive autour d'un voyage nostalgique et narcissique dans les failles du passé. Le sympathique Antonio Banderas (Prix d'interprétation masculine hautement mérité) incarne avec une authenticité persuasive, ce personnage vieillissant, en mal d'inspiration, qui se débat dans ses souffrances corporelles et existentielles... Il a perdu cette petite flamme interne qui donne vie à la fièvre créatrice... Les substituts artificiels pour y remédier ne font que lui enfoncer davantage la tête dans le Spleen...
Le film pourrait, dans un premier temps, nous entraîner à céder à l'inéluctabilité du désespoir, à l'inanité de l'existence... Mais sa construction ingénieuse, nous emmène habilement vers une autre conclusion : celle qui met en évidence le pouvoir du Désir avec un grand D, dans son sens le plus large et aussi le plus explicite... Beaucoup de lumière et de couleurs s'intercalent entre les scènes dépressives et l'espoir s'y installe insensiblement... dans la scène émouvante de retrouvailles du premier amour pour y exploser en feu d'artifice, dans la sublime séquence du souvenir de son premier désir d'enfant qui l'a ému jusqu'à l'évanouissement...
Une œuvre humainement émouvante, vraie et une réflexion intéressante sur le moteur de la créativité... surtout quand il est enrhumé par le fléau impitoyable de la vieillesse...
Une "mention spéciale" (c'est la mode) à Penelope Cruz qui est particulièrement lumineuse, magnifique et naturelle dans son personnage de Mamma !

L'affiche de "Sabor" film imaginaire aux couleurs "rouge vif" typiquement Almodovariennes, serait du plus bel effet sur le mur de mon salon !