Le premier désir
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Où sont passées l'hystérie et la fantaisie bienheureuses de Pedro ? Un dessin qui réapparaît 50 ans après (un des seuls éléments du film réellement « almodovarien ») noyé dans un puits sans fond d'autofiction.
Le film consiste ainsi en une suite d’évocations nostalgiques, faciles prétextes à faire des allers-retours entre présent et passé. Un passé censé donner les clés à son auteur pour retrouver l’inspiration (et l’envie) perdue, comme dans une spirale sans fin dans laquelle un auteur viendrait se nourrir de ses souvenirs et de ses expériences personnelles pour alimenter ses histoires. La ficelle dont se sert Amodovar pour sortir dans le trou où il cherche lui-même à s’enterrer est un peu grosse. On regarde poliment comme on suivrait, gênés mais avec une réelle empathie, les écarts et les doutes d’un ami, tout en ayant l’espoir bien caché que ça se termine au plus vite ces confessions plus thérapeutiques que cinématographiques.
Il y a une différence entre se nourrir, digérer, chier, donner à ce “produit” une consistance nouvelle au spectateur en lui cuisinant ça avec une sauce qui le fera ressembler à tout autre chose, l’art du recyclage en somme, et convier le spectateur à sa table en lui refourguant des miettes à peine digérées de son analyse introspective. Pedro Almodovar tombe dans ce piège, celui de la facilité et de l’auto-contemplation torturée, qui est aussi l’illusion de penser qu’un spectateur sera toujours étonné et heureux de voir ses croquis de travail, ses cahiers raturés ou son journal intime, à défaut de pouvoir lui proposer autre chose.
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le 30 mai 2019
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