Fan de Dragon Ball depuis les grandes heures du Club Do, j’ai attendu sagement les premières séances VF du film Dragon Ball Broly (difficile pour moi de profiter pleinement de Dragon Ball sans les voix de Patrick Borg et Eric Legrand) pour enfin voir ce nouveau film qui bat tous les records et dont beaucoup de fans (pas forcément de ma génération) considèrent comme le meilleur. Voici donc mon avis, celui d’un quarantenaire ayant grandit avec cette licence.


Attention cet article contient de (très légers) spoils disséminés ici ou là. La critique s’adresse donc plus à des personnes ayant déjà vu le film.


Le film constitue pour moi un point d'étape important dans la série Dragon Ball Super. Pas scénaristiquement mais d'un point de vue de son écriture.
C'est pourquoi il me semble important avant de se lancer dans sa critique de faire le bilan de la série. Et il y a bien sûr beaucoup de choses à dire.


Rappelons la genèse de cette série. Comme l'explique William Audureau dans son article sur le site pixel
(https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/03/13/dragon-ball-super-broly-comment-le-studio-toei-a-fait-main-basse-sur-dragon-ball_5435545_4408996.html
),
Dragon Ball Super répond d'abord à un besoin de la Toei de relancer une machine qui s'essouffle et fait donc appel à son créateur, Akira Toriyama.


Toei veut une nouvelle série Dragon Ball et pour légitimer sa démarche, elle décide de s'appuyer sur deux derniers films signés du maître, “Battle of Gods” et “la résurrection du F.”
La série repart simultanément en manga et en anime.
Oui mais voilà, comme pour toute série, l'anime va beaucoup trop vite pour le manga et c'est lui qui donne le tempo un peu fou d'arcs se succédant à la vitesse de l'éclair.
L'anime empile les confrontations en distillant à droite à gauche sa dose de fan service : un Goku méchant, le retour de la technique de kaio, du mafuba, du disparu C17… sans oublier un clin d’œil au Dr Slump.


Tout ceci se termine dans un méga tournoi avec un méchant, pas vraiment méchant (et pas vraiment charismatique), qui nécessite une énième transformation et la collaboration des ennemis d'hier pour réussir à le vaincre.
On reproduit la scène du premier affrontement de Goku et Végéta. La boucle est bouclée, tout le monde applaudit (enfin presque).


Et le manga dans tout ça ? Et bien, il suit tant bien que mal.
Ce qui est assez surprenant d'ailleurs c'est qu'il prend certaines libertés avec l'anime et semble même prendre un malin plaisir à le tacler.


Quelques exemples :
Dans l'arc de Black Goku (une vraie purge dans l'anime pour un résultat qui ne s'en tire pas trop mal en manga), la fusion Vegeto donne naissance à une attaque ultime : le Final Kaméhaméha.
Et bien dans le manga celui-ci n'aura jamais lieu alors que beaucoup l'attendent, la faute aux potara qui ne tiennent plus le niveau de puissance exigée


Au passage, le final flash n'est pas une attaque lambda pour Vegeta, hein. Je rappelle que quand il sort cette attaque pour la première fois, c'est contre Cell et cela lui demande une concentration telle qu'il se vide de toute son énergie (d'où l'appellation “final”). Donc faire sortir à Vegeta des final flash à tout bout de champs cela n'a aucun sens.


Mais revenons au sujet des “tacles”.


Autre exemple, la fin du tournoi de survie de l'univers.
Attention Spoilers! (Désolé je lis des scans. Ce n'est pas bien mais j'achète aussi les livres à leur sortie.)


Donc à la fin du tournoi, C17 est le grand vainqueur et gagne les Super Dragon Ball. Il formule le vœu de ressusciter tout le monde et …
Bah c'est tout. En trois cases, c'est expédié, on passe à la suite.
Là où l'anime avait pris le temps d'en faire un moment de gloire et de congratulations et de faire le tour des univers avec moultes réflexions philosophiques notamment de Jiren, on ne verra strictement rien sur le manga. On a gagné, Freezer est ressuscité, tout le monde rentre chez soi, circulez y a rien à voir.
Une case pour annoncer Broly (qui intègre officiellement les rangs des personnages canon de la série) et on passe à un nouvel arc.


Et oui, un nouvel arc! Là où tout le monde pensait la série finie avec le tournoi de survie de l'univers, Toriyama et son nouveau compère Toyotaro enchaîne avec une nouvelle histoire.
Et cette histoire commence avec encore un de ses tacles dont je parlais précédemment. Première case réunissant Goku et Végéta :
“Alors ta transformation ultra instinct ?”
“J'en sais rien j'y arrive plus. Ça devait être pour le tournoi”


Et voilà l'ultra instinct, la super transformation qui a fait frémir la toile, enterrée (à mon avis) et qui ne rejoindra pas l'éventail déjà très large de nos compères sayen.


Cette première partie du manga m'a vraiment fait pensé au traitement de Star Wars épisode 8 par son réalisateur Rian Johnson qui semble-t-il a voulu déjouer TOUTES les attentes de fans (pas forcément pour le meilleur à mon avis) : Luke qui jette le sabre tendu par Rey, les origines de Rey qui ne sont en rien celles fantasmées par les fans…


Et donc ce nouvel arc ? Et bien chose incroyable dans Dragon Ball Super, le manga raconte une histoire !
Oui pour la première fois, on pose calmement les bases d'un nouvel ennemi. Cet ennemi a un passé et part à la recherche de sa gloire d'antan.
Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler mais même si le récit semble assez convenu pour le moment, ça a le mérite de donner de l'épaisseur pour la première fois à un personnage nouveau.
Par ailleurs, Goku semble avoir laisser son rôle de demeuré avide de combat au placard pour retrouver un peu de jugeote en essayant d'analyser ses adversaires.
Et en plus, il lui arrive d'avoir peur. Oui, il a peur et ça a toujours été le cas avant Dragon Ball Super. Goku a peur de Vegeta et de sa puissance lors de son premier combat; il a peur quand il réalise que l'écart avec Freezer est bien trop grand...


Et ce revirement, ce n'est certainement pas un hasard si cela se produit au moment où le manga reprend la main.


Là où la Toei était dans une urgence de nous livrer des combats plus dantesques les uns que les autres, les mangakas eux font ce qui a fait le succès de Dragon Ball : ils racontent une histoire.


Car ce qui fait la dramaturgie de l'arc des sayen, ce n'est pas le combat épique entre Goku et Végéta mais le combat héroïque et désespéré de la “première ligne de défense” de la Terre : la mort de Yamcha, le bras coupé de Tenshinhan, l'attaque suicidaire de Chaozu, et bien sûr, le sacrifice terrible de Piccolo (je me suis retenu d'écrire Satan Petit cœur !) pour protéger Gohan.
L'invraisemblable relation entre le démon et un enfant, qui plus est fils de son ennemi, qui a fait naître des sentiments d'affection dans l'incarnation du mal absolu.


De même, dans l'arc de Freezer, bien entendu il y a le super sayen mais il y a aussi les destins tragiques des Nameks et des Sayens eux même, chair à canon du tyran.


Et qui pourrait oublier C16 et son rôle dans le combat contre Cell?
Cet androïd programmé pour la destruction qui au final aime la nature et veut, par dessus tout, protéger les personnes qui l'ont accepté.


Bref, vous l'aurez compris ce qui fait de Dragon Ball un manga à part, ce n'est pas simplement ses combats mais tous ses acteurs qui donnent une vraie “âme” à l'ensemble.
Et c'est ce vers quoi on semble tendre pour la suite ce qui est très rassurant.


Et ma critique de Broly dans tout ça ????!!!!!


J'y viens !


Broly marque donc ce passage de témoin entre l'avant et l'après, la première pierre vers une autre direction pour le manga.


Et il s'ouvre sur quoi? Une histoire bien sûr !


Pas de combat dans cette première partie, si ce n’est quelques éclats de Freezer. Ici il est question de relations père fils.
Tout tourne autour de ce thème (thème d’ailleurs prépondérant dans l’histoire de Dragon Ball).
Le roi Vegeta qui adule son fils, futur prince des Sayens au point d'exiler un Broly qui n'est qu'un enfant pour ne pas lui faire de l'ombre.
Le roi Cold fier de transmettre le trône à son fils Freezer, qu’il sait encore plus cruel que lui.
Paragus, père de Broly, prêt à tous les sacrifices pour retrouver son fils mais qui au final échoue à le comprendre.
Et enfin Bardock qui devine l'entourloupe Freezer et choisit de sauver son fils, Goku, en l'expédiant sur Terre dans une capsule, dans un hommage appuyé à Superman.


Bardock et son histoire deviennent au passage “canon” même si celle ci est légèrement réécrite. Plus de vision, une simple intuition, mais un combat qui a bien lieu contre l'armée de Freezer, comme l'atteste son armure au moment où il essaie vainement de repousser la boule d'énergie du tyran.
Un dernier plan terrible sur la planète Vegeta et ses habitants qui s'apprêtent à disparaître (encore une fois les destins secondaires sont mis en lumière), un détour par Végéta enfant (et bizarrement complice avec Raditz quand on sait ce qu'il pense de lui), une frise chronologique avec Goku qui grandit, sur fond de Chala Head Chala, et nous voilà plongés dans la seconde partie du film.


Freezer est ressuscité et il cherche une nouvelle armée. Ça tombe bien on lui amène Paragus et Broly sur un plateau. Et surprise, Broly parle (peu mais il parle). Mais il souffre d'un père qui a peur de lui et qui le brime au moindre écart à l'aide d'une télécommande.


Débarquement sur Terre, Goku et Végéta sont là pour les accueillir, la baston peut commencer. Elle va même durer sans répit jusqu'à la fin du film.
Les premières minutes des combats sont très très séduisantes. On retrouve totalement un feeling DBZ, avec un Vegeta simple Super Sayen et des explosions dans le ciel à différents endroits, témoignages d'un combat trop rapide, pour nous humain, et furieux.


Le dessin est de qualité, la pression monte à mesure que Broly devient de plus en plus enragé. Goku se lance dans l'arène. Là aussi il est plus posé, plus réfléchi. Il ne cherche pas le combat pour le combat et propose même un pacte à Broly, plutôt que de l'affronter coûte que coûte.
Détail amusant, lors de cette proposition, des flashback apparaissent, uniquement de Dragon Ball Z. Pas une référence à Super comme si cela ne comptait (un peu comme Star Wars, encore, qui fait comme si la pré-logie n'existait pas).


Mais ça ne marche pas et Broly fait du Broly, il s'énerve encore et encore. Sa puissance devient trop grande mais la télécommande est perdue. Plus rien ne l'arrête et tout à l'écran n'est que combat et fureur.
C'est à ce moment là que bizarrement, la qualité de l'anime dégringole. Le trait est médiocre et s'appuie sur du CGI un peu trop psychédélique. On a plus de mal à suivre les combats.
Comme si Toriyama à ce moment là avait passé la main à la Toei en mode, “cette partie, elle est pour vous”.
Lui même reconnaîtra que ses combats le fatiguent (cf. Article de Pixel).


La fin, la fusion bien sûr et une surprise avec un happy ending grâce une fois de plus à des personnages secondaires.


Du coup, que retenir de tout ça ?
Broly est il un bon film de DB ? Assurément, il est même dans le haut du panier, même si il reste en dessous pour moi du chef d'oeuvre “L'attaque du Dragon” avec l'histoire déchirante de Tapion et de sa mélodie mélancolique dont les premières notes suffisent à m'arracher quelques larmes.


L'histoire de Broly est intéressante, les combats de qualité même si la fin pêche un peu par sa folie à l'écran.
On peut aussi regretter l'absence des autres personnages. On avait l'habitude d'OAV en mode film choral. Ici on reste dans l'esprit Buddy Movie de DBS.


Mais c’est surtout de belles promesses et de beaux espoirs pour la suite de la série Dragon Ball Super.


Si vous êtes arrivés jusqu’ici, c’est que vous avez pris le temps de lire ce très (trop?) long avis et je vous en remercie !
N’hésitez pas à me donner votre avis sur ces quelques théories esquissées !

Didier_Nizard
7
Écrit par

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le 16 mars 2019

Critique lue 228 fois

Didier Nizard

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