Crossover Reviews #3 Comment entraîner son objet animé ?

De bien trop longues années à l'époque, je boudais injustement Dreamworks, comme le font tout justement les vikings avec ces sauriens volants aux aires de nos chats et chiens domestiques. Et pourtant...

Ce film figure comme une troisième illustration d'un concept que je mets en place, les C.R, autrement dit Les Crossover Reviews. La première s'appuyait sur Apocalypse Now, la deuxième sur La Dernier des Mohicans. Le but étant l'analyse d’œuvres cinématographiques complètement différentes des unes des autres que j'entremêle, parce que certains pourraient le penser ; les comparaisons c'est nul, mais elles ne sont pas là pour rien.
Durant une semaine, j'ai visionné cinq films que tout oppose mais il y a des liens, je vais bien en trouver...

Quelque chose me gênait avec l'animation numérique des univers Dreamworks ; les paysages africains des Madagascar notamment ou bien ceux des îles des mers boréales de Dragons. La technique de dessin sans doute en est la cause. Il manque à mon sens quelque chose pour y créer une âme, une atmosphère et l'illusion que l'espace soit réel et immensément grand et riche en décors. Ce travail sur l'animation de l'espace est mieux géré par les concurrents aux grandes oreilles ; dernièrement avec Le Monde de Dory Vaiana ou encore Coco.

Puis, je me suis aperçu que je regardais peut-être au mauvais endroit. A vrai dire, mon premier visionnage de Dragons fut loin d'être une grande expérience, et même si déjà, je remarquais l'extraordinaire travail de maître John Powell. Toutefois, une chose sur laquelle je m'étais peu attardée et qui, finalement se révèle être la force principale de cette belle épopée ; c'est l'animation de l'objet.

Déjà, j'en faisais le mérite au chien de Coco [https://www.senscritique.com/film/Coco/critique/145815666], et surtout à la pieuvre de Le Monde de Dory, qui sont des objets d'animation extrêmement bien travaillés par les artistes dessinateurs et designers 3D. Le concurrent saurien de la famille Dreamworks gagne lui aussi aisément sa place sur le podium des objets animés les mieux exploités.
En fait les créateurs du long-métrage d'animation ont pris le risque d'abandonner la figure iconique du gros dragon écailleux, qui influence notre imaginaire collectif depuis La Belle au Bois Dormant (1959), Les Envahisseurs attaquent (1968), Cœur de Dragon (2000), Donjon et Dragon (2000), Le Règne du Feu (2002), Le Hobbit 2 (2013), que sais-je encore.
Un risque néanmoins appréciable, qui apportera effectivement de l'originalité, puisque ici Toothless (Krokmou) est une belle inspiration d'un chat noir domestique, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Ce dernier se voit conférer plusieurs aptitudes sophistiquées qui feront de lui, un véritable acrobate aérien. C'est bien cet extraordinaire travail artistique qui doit avoir le plus de mérite, à l'instar de la composition musicale. La relation psychologique mais aussi physique, entre le dragon et le personnage humain est super convaincante... Le mérite va en grande partie aux dessinateurs et concepteurs de l'animation 3D, qui ont su intelligemment créer des mouvements précis et pertinents, nous permettant de nous immerger dans ces belles acrobaties aériennes.

Ce sont ces mouvements d'ailes, des pattes, de la tête, cette locomotion, cette morphologie et ces sauts et pirouettes qui font de cet extraordinaire objet d'animation ; un dragon moderne et singulier réussit.

Si la romance développée entre le petit couple est aussi cheap que le moins bien appréciable Le Dernier des Mohicans de Michael Mann, c'est tout de même avec Dragons que j'ai eu ma dose d'épopée. Comme quoi parfois, le pouvoir de l'animation peut être bien plus grand que celui d'un vrai acteur qui interprète face caméra. Dragons rythme bien mieux ses batailles terrestres et aériennes, et nous épargne qui plus est, ces imbuvables ralentis michael-manniens. Enfin. De la romance, de l'aventure et de l'épopée, il y en pour tous les goûts et toutes les générations dirait-on. Ah, ces américains alors. Il y a vraiment qu'eux pour nous faire rêver de la sorte au cinéma... Quoi que...

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