Drunk par Malatesta75

Après avoir brillamment exploré les thèmes de la perversion dans Festen ou encore La Chasse, Thomas Vinterberg aborde ici un thème en apparence plus léger, celui de l’ivresse.

Nous suivons, dans Drunk, un groupe de quatre professeurs moyens, mal considérés par leurs élèves comme par leurs familles. Autour d’une bouteille reflétant “l’âme de la Bourgogne”, ils décident de mettre à l’épreuve la théorie d’un philosophe norvégien selon laquelle 0,5 gramme d’alcool manquerait à notre sang. Si les premiers résultats sont spectaculaires, la suite est, quant à elle et comme attendu, franchement désastreuse.
Contrairement à ce qui a pu être avancé, le film brille par son absence de message avec un grand et lourdaud M, il ne fait en aucun cas la promotion de l’alcool (n’en déplaise à un célèbre et clivant vidéaste critique dont je tairai le nom), pas plus qu’il ne forme un clip de prévention. Drunk traite bien davantage de la vie, du lâcher prise comme issue face à l’aliénation d’une vie rangée, issue dans laquelle les personnages s’engouffrent jusqu’à se perdre, puis se retrouver enfin.
C’est cette ambivalence qu’incarne magistralement Mads Mikkleson, et son regard à la fois expressif et impénétrable. L’acteur fétiche de Thomas Vinterberg se hisse avec cette prestation parmi les figures incontournables du grand écran danois et international.
Quant à la forme, si elle s’affranchit en grande partie des critères du Dogme, elle n’en garde pas moins des stigmates, notamment la fameuse caméra à l’épaule, qui se synchronise ici avec les secousses du récit, son incertitude.

Drunk confirme que Thomas Vinterberg est un réalisateur unique et avec lequel nous devrons composer, espérons jusqu’à l’ivresse.