A première vue nul n'aurait pu penser que l'écrivain Philippe Djian et le cinéaste Paul Verhoeven puissent avoir des points communs. Mais à mieux y réfléchir, il y a chez les deux le même goût pour les ambiances de soufre dans la description des rapports entre hommes et femmes, un côté pervers mais aussi ludique et une observation retorse des relations humaines avec un détachement ironique très trouble mais en même temps quasi burlesque. Bref, un mélange assez subtil et fortement dérangeant. Elle est la transposition parfaite du roman Oh, pas seulement pour son intrigue mais encore davantage par son ton, sa violence corrosive, ses vices cachés et son amusement sous-jacent. Pour aboutir, en définitive, à une oeuvre plutôt féministe, malgré les apparences (cela débute tout de même par un viol) et dans une acception assez radicale qui n'est pas faite pour plaire à tout le monde. Mise en scène précise et montage sec sont en adéquation pour créer de véritables ruptures de ton dans un climat qui oscille entre la comédie de moeurs et le thriller psychologique. Dans cet univers, qui rappelle seulement par instant celui de Haneke, Isabelle Huppert nous épate encore par ses variations de jeu. Parmi les seconds rôles, une mention spéciale peut être attribuée à Anne Consigny et Charles Berling mais c'est toute la distribution qui est au diapason.

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le 9 déc. 2016

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