C'est sans doute le grand film méconnu de Steven Spielberg. Et pourtant, quelle réussite !

Pour commencer, il est servi par une interprétation magistrale, à la tête de laquelle on découvre un certain Christian Bale, alors âgé de treize ans. C'est le film qui le révèle, et rien que pour réaliser à quel ce garçon a le métier d'acteur dans le sang, il faut voir "Empire du Soleil" : il y est vertigineux, tour à tour tête-à-claque, virevoltant, excessif, sobre, émouvant, drôle, inquiétant... Avec Henry Thomas et Drew Barrymore (E.T.), Cary Guffey (Rencontres du Troisième Type), Joseph Mazzello (Jurassic Park), Ke Huy Quan (Indiana Jones et le Temple Maudit) ou Haley Joel Osment (A.I.), il tient une place d'honneur dans la galerie des excellents jeunes acteurs que Spielberg, l'un des meilleurs directeurs d'enfants qui soit, a dirigés.
Outre Bale, on retrouve ici un John Malkovich des grands jours, et une pléaide d'interprètes moins connus (dont Ben Stiller, tout jeune) mais tous parfaits. Mention spéciale à Joe Pantolianon, second rôle régulier, gueule de cinoche, génial en sous-fifre de Malkovich.

Côté mise en scène, rien à dire, c'est du grand Steven. "Empire du Soleil" oscille entre très grand spectacle (des scènes de foule hallucinantes dans Shanghai) et un intimisme beaucoup plus subtil, notamment dans la deuxième partie du film, qui se déroule dans un camp de prisonniers. Les plans époustouflants sont de sortie, la caméra fait preuve d'une légèreté et d'une inventivité de tous les instants, les dialogues brillent - à retenir quelques moments vifs et pétillants entre Bale et Malkovich, très complices.

Adapté d'un roman autobiographique de J.G. Ballard ("Crash"), "Empire du Soleil" permet également à Spielberg d'aborder un type de cinéma plus grave, moins résolument optimiste, comme le suggère le final doux-amère, pas vraiment happy end en dépit des apparences.
Après "La Couleur pourpre", ce fut une marche indispensable au cinéaste pour s'élever vers le Graal de "La Liste de Schindler", déjà en gestation à l'époque mais que Spielberg s'estimait indigne de mettre en scène à ce moment-là.

Bref, c'est un film à découvrir !
darthurc
9
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le 12 janv. 2013

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darthurc

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