Avant de parler de The Meg un petit préambule est nécessaire. Avant tout, je tiens à assumer la subjectivité et la mauvaise foi qui caractérisera cette critique. Et pour cause, j’ai pour les films d’horreur aquatique une affection névrotique, certainement dû au fait que les deux films qui furent les premiers rouages de ma cinéphilie déviante sont Jaws et Orca. Jaws que je qualifie d’ailleurs de « Slasher aquatique » et dont le frère jumeau pour moi n’est autre qu’Halloween de John Carpenter, sortie à la même époque, brassant les mêmes thèmes (ubiquité du tueur, Eros et Tanatos, une forme invisible et meurtrière etc…) et ayant, lui aussi le Psycho de Hitchcock comme modèle.


Je ne vais pas m’époumoner à expliquer pourquoi Jaws est une pièce incontournable du cinéma mais plutôt pointer le fait que la bébête a fait des petits. Des petits pas toujours très beaux et parfois déficients mais dont l’existence fait émerger une question : Comment le sous-genre du film d’horreur aquatique a t-il pu perdurer ? Car entre les suites inégales, les gros films hollywoodiens qui remettent le couvert tous les dix ans ou la prolifération des films d’Asylum, le genre est toujours là, en sous-marin et resurgit parfois sur les écrans comme aujourd’hui avec The Meg ! Une longévité malgré des films moyens qui susciterait la curiosité si elle avait été appliquée aux oiseaux d’Hitchcock (Asylum aurait su nous ravir avec un « MegaBird VS ptérodactyle ! » ou d’un « Birdnado »). A croire qu’il reste dans l’inconscient du public, une fascination et une peur primal de l’eau dont les films sont autant de catharsis.


Mais trêve de psychologie de pissotiere ! Car si je peux regarder sans déplaisir Ice Cube et les tétons de J-Lo dans Anaconda (si si je vous jure !), il faut bien admettre que le genre touche le fond (marin) depuis quelques années et que les fans des films à bébêtes au profil d’enculé sont bien obligé de racler le fond des chiottes pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Et puis voilà qu’arrive The Meg !


Rien que l’idée de revoir un requin sur grand écran avec des effets spéciaux correctement branlés me titillait le mésencéphale. D’autant plus qu’ici, le requin prend une forme préhistorique, à savoir 30 mètres de long et qu’il va se fighter avec le roi du DTV en personne : j’ai nommé Jason Stathamn ! Bigre ! Sur le papier tout ressemble à un gros trip gonzo pour geek déviant mais avec un budget de 130 patates : Autant dire un rêve humide éveillé ! Mais force est de constater, que du gonzo il n’y en a point ! Ou pas assez !


John Turtletaub, qui s’était déjà fendu d’un hersât d’Indiana Jones avec Benjamin Gates mets en scène de façon soporifique un scénario boursouflé et paresseux. Pas une idée originale n’apparaît dans ce scénario et encore moins de mise en scène alors qu’on parle d’un film avec un putain de requin de 30 mètres de long !!! et même si la vision de Jason Stathamn parti au large, se fighter avec un mégalodon, avec comme seul arme un harpon made in Franxprix m'a fait pouffé de rire, le reste est d'un ennui mortel. Le spectacle en devient encore plus désolant lorsque le film enchaîne les vieux poncifs des années 80 : le noir rigolo, la demoiselle en détresse, la beauferie misogyne, les mumuscles comme pinacle de la masculinité…tout y est. ! La seule communauté qui sera épargné sera la communauté chinoise. Et pour cause, la chine s’étant récemment ouvert au marché des films américains, il ne vaut mieux pas froisser ceux qui sont susceptible de rapporter du brouzouffe. Le tout bien sur sans effluves de sang, sans gore, sans mort dans le cadre, afin de ne pas choquer le spectateur moyen. Ce Trouduc de réalisateur ira même jusqu’à nous faire miroiter un massacre sur une plage bondée de touristes, mais finira par un majeur joliment tendu à la face du public. Du Gonzo timide donc. Du coup mamie et ses petits enfants peuvent aller reluquer les abdos trempés de Jason sans vomir leurs popcorns. Avec ce scénario passé à la moulinette de Disney, on comprend mieux pourquoi Eli Roth a disparu du projet.


Reste quelques plans sympas (tous présents dans la bande annonce) et une production a mille lieux de ce qu’on a l’habitude de voir dans le genre. Du coup le requin fait parfois son petit effet mais difficile de dire si c’est la péloche ou mon indéfectible amour pour ces sales bêtes.
Pour le reste Turtletaub pompe allègrement des références sans jamais les comprendre. Jaws bien sûr, mais également Demolition man, Jurrasic Parc, Die Hard et j’en passe. Bref ! Pas assez Gonzo pour être fun et pas assez introspectif pour être intéressant, The Meg est un coup d’épée dans l’eau. Perso pour les tatanes je retourne regarder Stathamn en DTV et pour le fun je me rematterai Piranha 3D.

gordongraf
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le 27 août 2018

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Simon Phoenix

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