Quand un scénario à peine digne d'une production Syfy Channel se retrouve propulsé en blockbuster estival sous le signe d'une production sino-américaine pété de thunes, ça donne En Eaux Troubles de Jon Turtletaub. Ici pas de requin à trois têtes croisé avec une pieuvre , un ptérodactyle ou un crocodile mais un bon gros requin préhistorique ressorti des profondeurs de l'océan par un groupe de scientifique aussi dévoués que maladroits. Pas de soucis pourtant car dès l'instant qu'il faut péter des mâchoires on pourra faire appel à ce bon vieux Jason Statham ( La bouée incorporée de Steven Seagal lui empêchant temporairement la plongée sous marine)....
En Eaux Troubles est donc un film assez con pour laisser son cerveau au frais durant 2 heures sans le moindre risque de surchauffe. Emballé sans génie mais sans honte par le très passe partout Jon Turtletaub (Ninja Kids - Rasta Rockett - Benjamin Gates) le film pour obtenir un minimum de clémence critique doit se regarder comme un pur divertissement estival propre à flatter les spectateurs sans les froisser tout autant que ses investisseurs. Inutile d'espérer un combat sauvage et brutal entre l'homme et la nature et encore moins un bon gros spectacle bien gore même lorsque ce bon gros gigantesque requin s'approche d'une plage remplie de gentils chinois qui font trempette. Bien loin d'un carnage à la Piranhas de Alexandre Aja on aura juste droit à une séquence de panique bien trop sage pour être vraiment anxiogène. Si le film offre quelques plans assez réussis notamment celui de la petite fille observée à travers une immense vitre par le mégalodon, dans l'ensemble le film n'offre rien de significatif à se mettre sous la paupière. C'est toutefois plus du coté de l'écriture que de la mise en scène que pêche vraiment En Eaux Troubles la faute à des personnages trop marqués pour être crédibles et touchants (blonde en détresse, gros geek sympa, black rigolo, milliardaire sans scrupules...). En plus de cette galerie déjà peu reluisante et co-production chinoise oblige,le film nous offre une série de personnages chinois tous plus positifs, héroïques et dignes les uns que les autres; flattant parfois jusqu'à la caricature ses investisseurs asiatiques. En même temps la caricature n'effraie pas vraiment En Eaux Troubles surtout quand il lâche un Jason Statham bien vénère pour se fighter à mains nues contre un mégalodon de 23 mètres de long avant d'aller emballer l'héroïne de service pour une dose de romance bien tartignole....
Ce qui rend En Eaux Troubles assez sympathique c'est qu'on a la sensation de regarder une série Z à plus de 150 millions de dollars... Triste paradoxe du cinéma actuel Turtletaub réalise un gros bis sans âme pété de thunes alors que 40 ans plus tôt Spielberg réalisait un chef d'oeuvre et un classique avec 20 fois moins d'argent mais mille fois plus de talent.