Attention spoiler ! L’année dernière, pour la première fois je vois Enemy que j’avais beaucoup apprécié mais je ne l’avais pas totalement compris (notamment avec la métaphore de la tarentule). J’ai décidé de le revoir à présent, et je le trouve encore plus impressionnant.


Denis Villeneuve a dit lui même qu’il n’expliquerait pas sa métaphore et qu’il est libre à chacun de l’interpréter comme bon lui semble.


Adam, un professeur d’histoire discret mène une vie banale avec une certaine Mary. Un jour en regardant un film, il aperçoit son double parfait : Anthony. Après mûre réflexion il décide d’entrer en contact avec cette personne mais se demande s’il y a vraiment un but à cette rencontre, était-ce vraiment une bonne idée ?


C’est un film étrange et inquiétant plus dans la forme que dans le fond. Villeneuve va énormément jouer sur les jeux de lumières et offrir une image jaunâtre et crasseuse. Les scènes sont lentes mais le film est assez court (à peu près 1h30), le spectateur perd rapidement la notion de temps et se retrouve vite perdu. Ajouter à ça, la solitude des protagonistes. En effet, l’action se situe à Toronto, une grande ville qui se veut déserte et ou l’air est quasi irrespirable (température élevé).


Et comment ne pas aborder le jeu d’acteur ! Tout d’abord Jake Gynnehall qu’on ne présente plus, qui nous offre l’une de ses interprétations les plus abouties à mes yeux jouant un double à merveille. Pour ce qui est des actrices secondaires, Mélanie Laurent joue très bien le jeu de la femme détachée qui se demande souvent ce qu’elle fait là. Mais Sarah Gadon m’a littéralement bluffée surtout dans la scène de nuit où Adam se met à pleurer sur le sofa.


Il est temps de passer maintenant aux personnages d’Adam et d’Anthony. Il est clair que pour moi c’est une seule et même personne, d’ailleurs plusieurs indices nous le laisse le prouver (quand Sarah Gadon appelle son mari après avoir vu Adam, la mère d’Adam qui rétorque à son fils d’arrêter son rêve d’être acteur de 3e zone ou encore Gadon qui demande à Anthony si sa journée à la fac s’est bien passée). En réalité, Adam est le mari de Gadon qui le trompe avec justement Mélanie Laurent. Anthony incarne son inconscient, la part sombre de lui-même mais aussi la personne qu’il aurait toujours aimé être.


Pour ce qui est de la métaphore de la tarentule, je pense qu’elle représente l’image de la femme selon Adam (Gadon se transforme en tarentule, dans l'un de ses rêves on apercoit une femme avec tête d'araignée et enfin au début une prostituée en écrase une, à comprendre le non pouvoir de la femme dans un lieu de luxure) et surtout celles qui l’entourent : sa mère pour commencer qui l’appelle tout le temps, qui l’étouffe et l’empêche de se poser les bonnes questions notamment sur la rencontre avec son double. Ensuite, il y a sa femme enceinte qui n’a toujours pas digéré la tromperie de son mari et qui souhaite plus de sa présence en vue de son futur accouchement. Et enfin avec Mary, où la relation est très étroite et mystérieuse (à la première apparition, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une prostituée). Mary représente l’inconnu pour lui, il doit se demander ce qu’elle recherche et il doit se dire secrètement que cette femme court peut-être à sa perte.


Au final, un film qui frôle l’excellence et qui bluffe au vu de la filmographie de Villeneuve. Après Incendies (2010), Prisonners (2013), Sicario (2015) et dernièrement Premier Contact (2016), le réalisateur canadien est en train de confirmer qu’il est l’un des plus talentueux avec une patte à la Fincher. A présent, une sortie d’un film de Denis Villeneuve sera un événement égal à Tarantino à mes yeux tout comme un film de Jake Gynnehall.
Un mot, époustouflant !

Créée

le 31 janv. 2017

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PereVinyard

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